Le plein d’éthique pour une propulsion du dirigeant vers l’entreprise responsable

Pour une éthique du dirigeant : l’entreprise comme problème ET comme solution

[ Mise à jour : 17 juillet 2024 ]  En France, on n’aime pas les entreprises. Et encore moins leurs dirigeants. Pourtant, les données de plusieurs études récentes mettent en évidence les débuts d’un basculement : si la défiance des Français vis-à-vis des entreprises et des dirigeants ne se dément pas, elle s’accompagne d’une reconnaissance de ses impacts positifs. Face aux pesanteurs des Etats englués dans des politiques publiques qui peinent à prouver leur efficacité, les entreprises apparaissent comme les leviers le plus performants pour changer le monde. Ce basculement est une opportunité pour les dirigeants, à condition d’en apprécier les écueils.

Ce basculement de l’entreprise comme problème à l’entreprise comme solution recoupe aussi l’évolution des stratégies RSE (responsabilité sociétale et environnementale), qui continuent à réduire les impacts (externalités) négatifs mais cherchent de plus en plus à construire des impacts positifs durables. L’entreprise responsable est attentive à ses impacts sur l’ensemble de ses parties prenantes. Cela reflète aussi, de plus en plus, la posture des dirigeants, qui investissent personnellement leur énergie en soutien de causes sociales, sociétales et environnementales pertinentes, en relation avec l’activité de leur entreprise. De ce fait, ils sont de plus en plus confrontés à des enjeux éthiques.

 

L’entreprise comme problème : un déficit de confiance vis-à-vis des dirigeants

Dans l’économie de la connaissance, qui a pris la suite des systèmes de production basés sur le taylorisme, la confiance est l’oxygène des organisations du travail. À l’intérieur des frontières organisationnelles de l’entreprise, il n’y a pas de coopération ni de collaboration possible entre les travailleurs s’ils ne partagent pas un minimum les valeurs, s’ils ne s’accordent pas un respect mutuel, s’ils ne se font pas confiance (voir : « Éloge de la coopération : ce que nous dit Richard Sennett »). Au-delà des frontières organisationnelles de l’entreprise, il n’y a pas de construction possible de transactions saines, de relations stratégiques, d’écosystème ou de partenariat avec les parties prenantes si la confiance n’est pas présente. C’est la raison pour laquelle la défiance qui domine nos relations professionnelles aujourd’hui est un frein majeur à la compétitivité de notre économie.

Or, chaque année, imperturbablement, le Trust Barometer d’Edelman met en évidence la défiance qui caractérise le rapport des Français (et des citoyens de 27 autres pays développés ou « plus qu’émergents ») avec les entreprises et leurs dirigeants[1].

Dans l’édition 2024, publiée en février 2024, un chiffre est particulièrement inquiétant : 55% des Français pensent que les dirigeants d’entreprise essayent délibérément de tromper les gens en affirmant des choses qu’ils savent fausses ou exagérées. Ce taux a augmenté de 6 points par rapport à 2023. Certes, cette défiance des Français s’exerce de façon encore plus prononcée vis-à-vis des dirigeants gouvernementaux (63%) et des journalistes (63% également), mais on ne peut s’en satisfaire. Elle met en cause le comportement des dirigeants sur un plan très important et personnel, celui de l’éthique. Elle plonge ses racines profondément dans un vieux fonds culturel qui agglomère la confrontation de classe et la distance vis-à-vis de l’autorité et des figures du chef (voir : « Jusqu’où ira la diabolisation du management ? »).

Source : Edelman 2024, Défiance vis à vis des dirigeants en France

Cette défiance vient de loin. Déjà fin 2009, une étude réalisée par la Sofres pour le cabinet Altedia montrait que seuls 43 % des salariés du secteur privé en France – et à peine 30% des fonctionnaires, ce qui atteste que le statut public ne suffit pas à établir la confiance – déclarent avoir confiance dans les dirigeants de leur entreprise ou de leur administration. En outre, une autre étude menée par Ernst and Young indiquait que l’intégrité des dirigeants était plus largement mise en cause en France que dans le reste de l’Europe : seuls 12% des salariés français pensent que leurs dirigeants font toujours preuve d’un niveau élevé d’intégrité. Un sondage Ipsos de 2012 montrait déjà que 64% des français estimaient que les patrons étaient corrompus et 90% pensaient que le ‘piston’ primait sur le talent dans leurs décisions d’embauche.

Plus récemment, une étude de juin 2023 menée par l’institut Elabe pour le Medef a apporté sa pierre à cet édifice[2]. Elle montre que l’image des dirigeants auprès des Français est très différentiée et problématique. Les dirigeants des TPE/PME sont des stars : une proportion très élevée de Français, 78%, en ont une bonne image et celle-ci est indépendante des contingences : 83% des cadres en ont une bonne image mais c’est aussi le cas de 72% des ouvriers et de ceux qui contestent le système économique (par exemple, 77% des sympathisants de LFI et 81% de ceux des écologistes).

En revanche, 50% des Français ont une mauvaise image des dirigeants des grandes entreprises et seulement 36% une bonne image. Seules 30% des femmes (contre 43% des hommes) en ont une bonne image et même les cadres ne sont que 41% (35% des ouvriers) à partager cette opinion (26% des sympathisants de LFI et 24% de ceux des écologistes).

Pour une étude de l’Institut de l’Entreprise publiée en septembre 2020, Elabe avait demandé aux Français de sélectionner des adjectifs qui qualifient le mieux les dirigeants de grandes entreprises[3]. S’ils les jugent plutôt compétents (63%), audacieux (59%), travailleurs (55%) et visionnaires (54%), les Français estiment que les dirigeants des grandes entreprises manquent de sincérité (seulement 23% leur attribuent cette qualité) et de proximité (30%). Surtout, l’honnêteté ne leur est attribuée que par 25% des Français et le fait d’être à l’écoute des salariés par 22%.

Cette vision très critique de l’honnêteté des dirigeants montre que leur réputation auprès de nos concitoyens est atteinte dans un quadrant très sensible : l’éthique du dirigeant. Une étude menée par Harris Interactive pour Transparency International parue en décembre 2023 a mis l’accent sur la corruption[4]. Elle montre qu’une proportion alarmante de Français, 87%, estiment que « les personnes exerçant des responsabilités » sont corrompues. Ainsi, les Français portent un regard particulièrement sévère (et peut-être caricatural) sur leur pays. Ils estiment en majorité que la France est actuellement plus corrompue que la Russie (69%), la Chine (58%) ou le Qatar (56%).

Mais qui sont donc ces « personnes exerçant des responsabilités » les plus corrompues ? En cohérence avec d’autres études menées sur ce même sujet, les politiques concentrent la suspicion : les députés et sénateurs français sont particulièrement perçus comme corrompus (68%), viennent ensuite les députés européens (67%), puis le président et le gouvernement (64%). Mais juste après dans l’échelle de la défiance, on trouve les dirigeants de grandes entreprises (publiques comme privées), jugés corrompus par 61% de Français. C’est un niveau de défiance supérieur à celui observé pour d’autres dirigeants politiques plus proches des citoyens (démocratie locale) que ceux cités ci-dessus (les présidents de conseils régionaux ou départementaux, jugés corrompus par 57% ou les maires à 41%).

Un second facteur inquiétant : cette suspicion qui pèse sur les dirigeants de grandes entreprises est très largement partagée. Alors que pour beaucoup des responsables politiques et économiques, les plus diplômés sont moins défiants, pour les dirigeants de grandes entreprises, les différences entre niveaux de diplômes et de revenus sont très faibles : la défiance est presque unanime…

Deux facteurs de soulagement sont cependant notables :

  • Premièrement et en cohérence avec les autres études, les dirigeants de PME font partie des acteurs jugés les moins corrompus: seuls 30% des Français les jugent corrompus alors que 69% pensent le contraire. Ce n’est donc pas la notion de « dirigeant d’entreprise » qui attire la suspicion mais bien celle de « grande entreprise », jugée indifférente au sort de ses parties prenantes.
  • Deuxièmement, cette réputation très dégradée des dirigeants de grandes entreprises s’améliore régulièrement. L’étude est une répétition de celle qui a déjà été menée en 2016 et 2019, ce qui permet d’établir des comparaisons. Ainsi, la proportion des Français qui estiment qu’ils sont corrompus, 61% dans l’enquête de fin 2023, est en recul de 6 points par rapport à 2019 et de 8 points par rapport à 2016. Cela dit, au rythme actuel de cette amélioration, il faudra une trentaine d’année pour que le résultat des dirigeants de grandes entreprises atteigne celui des dirigeants de PME d’aujourd’hui… Mieux vaudrait donc agir sans attendre l’effet du temps.

Le « 3ème Baromètre sur la relation des Français à l’entreprise », étude menée par l’Institut de l’entreprise, publiée en mars 2023, confirme le diagnostic sur la défiance mais attire l’attention sur des évolutions alarmantes par rapports aux deux précédentes photographies, prises en août 2020 et en novembre 2017[5]. En voici quelques constats :

  • Seuls 37% des Français ont une bonne image de la grande entreprise (mais cette proportion monte à 46% parmi les 15-24 ans).
  • 44% des personnes interrogées citent la méfiance comme première caractéristique de leur état d’esprit envers les entreprises (seuls 29% citent la confiance).
  • La méfiance (44%) progresse fortement : +8 points par rapport à août 2020, +3 points par rapport à novembre 2017.
  • La méfiance redevient la première caractéristique de l’état d’esprit des Français à l’égard des entreprises.
  • La confiance (29%) recule par rapport à août 2020 (-11 points) mais aussi par rapport à novembre 2017 (-5 points).
  • La lassitude (25% ; +8 points par rapport à août 2020), et plus encore l’indifférence (25% ; +8 points par rapport à août 2020) sont en forte progression par rapport à 2017 et 2020 pour définir l’état d’esprit des Français à l’égard des entreprises.
  • Les dirigeants des TPE/PME (78%, chute de 10 points) disposent toujours d’une image nettement meilleure que celle des dirigeants des grandes entreprises (24% seulement et chute de 11 points).
  • Les salariés sont seulement 21% à avoir une bonne image des dirigeants des grandes entreprises.
  • C’est chez les salariés que l’image des grandes entreprises se dégrade le plus : elle baisse de 16 points depuis août 2020, et de 14 points depuis novembre 2017.
  • A l’inverse, ils sont 77% à avoir une image favorable des dirigeants des TPE/PME.

D’après cette même étude, s’ils étaient dirigeants d’entreprise, les priorités des Français seraient le bien-être de leurs salariés (78%, et 83% des salariés), devant la satisfaction des clients (65%, 67% des salariés), le juste partage des profits (64%, 62% des salariés), la rentabilité de leur entreprise (56%, 59% des salariés) et l’exemplarité à l’égard de l’environnement (39%, 35% des salariés).

La défiance vis-à-vis des chefs d’entreprise est d’autant plus problématique qu’elle semble subir une dégradation sur longue période. Ainsi, dans leur livre publié fin 2007, Jean-Marie Descarpentries et Philippe Korda écrivent : « La confiance dont bénéficient les chefs d’entreprise s’est effondrée : 55% des Français déclarent ne pas leur faire confiance (TNS Sofres, 2005), contre seulement 25% en 1985 »[6].

 

Un déficit de confiance qui touche également l’entreprise

Cette défiance vis-à-vis des dirigeants se décalque sur une forte défiance vis-à-vis de l’entreprise, une caractéristique de la culture française souvent évoquée sur ce blog (voir : « L’entreprise : la disruption ou la détestation ! »). En 2024, d’après le baromètre Edelman, seuls 53% des Français (contre 54% en 2022) manifestent de la confiance vis-à-vis des entreprises contre 63% des citoyens en moyenne globale dans les 28 pays suivis par l’enquête. La France ne se situe qu’au 21ème rang parmi les 28 grands pays couverts par l’étude.

Source : Edelman 2024 – Confiance dans l’entreprise : France versus Global

Cette défiance vis-à-vis des entreprises est encore plus prononcée parmi les salariés à faibles revenus. Dans son édition 2022, le Trust Barometer attirait l’attention sur le creusement d’un gouffre de la confiance entre les bas et les hauts revenus, lourd de menaces en termes de déséquilibres sociaux.

Source : Le gouffre de la confiance entre classes aisées et classes populaires ; Edelman Trust Barometer 2022

Les données du Trust Barometer sont cohérentes avec celles de l’enquête annuelle sur la confiance réalisée par le Cevipof, un organisme de recherche attaché à Sciences-Po et au CNRS, qui nous donne une profondeur de champs depuis sa première édition, en 2009. Ce tableau de synthèse extrait de la 15ème vague de son baromètre de la confiance, publiée en janvier 2024, donne un taux de confiance vis-à-vis de la grande entreprise privée de 46% seulement (mais en progression de 3 points par rapport à 2023)[7].

Source : Cevipof – Confiance Organisations, Janvier 2024

Quelques observations nous semblent incontournables.

Si on se concentre sur le haut du tableau, c’est-à-dire sur les organisations qui emportent la confiance de deux Français sur trois, on y trouve celles qui se caractérisent par la petite taille et la proximité : les PME, reines de la confiance avec un taux de confiance de 79% et les artisans (82%). On y trouve aussi les institutions qui portent l’intérêt général, même si elles sont contestées par ailleurs : la science avec un taux de confiance de 81% (malgré les vérités alternatives et les infox), les hôpitaux (75%) et la Sécurité sociale (68%, malgré les difficultés du système de santé), la gendarmerie, la police et l’armée (entre 70 et 77%, malgré les contestations de l’autorité, des « violences policières », etc.), l’école (67% malgré les effondrements des classements PISA) et les associations (65%). Toutes ces organisations, qui sont aussi des entreprises (au sens d’un groupe humain animé par un projet) sont chères aux Français, malgré les turpitudes qui ont marqué leur actualité, parce qu’elles ne cherchent pas à répondre aux intérêts de quelques-uns mais aux demandes de tous. Par ailleurs, sans avoir besoin de se doter d’une raison d’être, elles fournissent des biens essentiels : connaissance, santé, sécurité, éducation…

A l’inverse, les grandes entreprises sont accusées de poursuivre avant tout des intérêts particuliers et ce dans une certaine opacité liée à leur taille. Un rapport de l’Institut de l’entreprise évoque « la profonde dichotomie observée entre des TPE/PME idéalisées, et des grandes entreprises souvent perçues comme éloignées des citoyens, des territoires et centrées sur leurs seuls intérêts »[8]. Le statut ne fait rien à l’affaire : la grande entreprise publique ne bénéficie que d’une confiance à peine plus solide que son homologue privée. La confiance vis-à-vis des banques est encore plus dégradée, compte tenu de leur image encore plus décalée de l’économie réelle, de l’intérêt général et de la transparence.

Ce paradoxe apparent de l’entreprise apparaît comme très structurant : les Français ont une grande confiance vis-à-vis des PME/TPE mais au contraire une extrême défiance vis-à-vis de la grande entreprise. Ce n’est pas une spécificité française. Les données de Gallup le confirment pour les Etats-Unis. Le « small business » est le chouchou des Américains, avec un taux de confiance de 93%, alors qu’à l’inverse, le « big business » se situe en bas du tableau (avec les médias et les politiques, comme en France) avec un taux de confiance de 58%.

Source : Gallup, données 2024. « Which Institutions Do Americans Trust? », July 16, 2024

 

Revenons aux données du Cevipof. Plus bas encore dans le degré de confiance qu’ils inspirent aux Français, on trouve les responsables religieux, les médias, les partis politiques et les réseaux sociaux, accusés de n’œuvrer que pour leurs intérêts propres.

Une illustration de cette divergence d’intérêts : lors de sa vague 14, publiée en février 2023, le Cevipof montrait que presque les trois quarts des Français (71%) pensent que « l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent », une opinion plus prononcée en France qu’en Allemagne (65%) ou en Italie (61%), mais moins qu’au Royaume-Uni (75%).

Ce constat matérialise la persistance de la « crise de confiance » qui caractérise la relation entre entreprises et salariés, pointée treize ans auparavant par une étude qui a connu un large retentissement à l’époque – et n’a malheureusement pas été réactualisée depuis[9]. La question posée par l’étude TNS/Sofres fin 2009 était : « Dans votre entreprise ou votre administration, les intérêts des dirigeants et des salariés vont dans le même sens » :

  • Non, pas du tout             24%
  • Non, plutôt pas                37% (total Non : 61%)
  • Oui, plutôt                         31%
  • Oui, tout à fait                 8% (total Oui : 39%%)
  • NSP                                     1%

Cette crise de confiance n’est pas seulement le résultat des contraintes de la mondialisation ou des excès du capitalisme moderne : cette affirmation est exprimée par une proportion de salariés inférieure dans le secteur public (30%) à ce qu’elle est dans le privé (41%).

Cette divergence d’intérêts est aussi au cœur du rapport de Nicole Notat et Jean-Dominique Senard, qui s’attaquait à la question des finalités de l’entreprise et a préparé la voie pour la loi Pacte (voir : « Ré-encastrer l’Entreprise dans la Cité : une analyse du rapport Notat-Senard ») : « L’entreprise constitue une partie de la solution. Redonner de la substance à l’entreprise, l’amener à réfléchir à sa raison d’être est le moyen d’amener la grande entreprise à faire à une échelle mondiale ce que la petite fait souvent, du fait de son insertion dans un territoire et dans un contexte de fort intuitu personae ».

Les auteurs mentionnaient un récent sondage rapportant que la « méfiance » est le premier mot cité par les Français sondés sur leur état d’esprit vis-à-vis des entreprises, bien que 71% en aient une bonne image[10]. Cette méfiance « s’alimente de cette perception des dérives du fonctionnement du capitalisme par les citoyens et les salariés. Cette défiance est d’autant plus élevée que la taille de l’entreprise croît et que les personnes interrogées sont jeunes. Si les Français sont d’accord sur le fait que les entreprises servent à créer de la richesse, cette richesse dans leur esprit va uniquement aux actionnaires et aux chefs d’entreprises. » Selon l’étude « The 2016 Deloitte Millennial Survey » (8.000 jeunes nés après 1982 interviewés dans 29 pays), 54% des « millennials » sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’entreprise n’a pas d’autres finalités que celle de faire de l’argent.

Au-delà de cette divergence perçue des intérêts, une autre raison de la défiance vis-à-vis des dirigeants et des entreprises est le sentiment de n’être pas écouté, pas considéré, pas pris en compte. Selon une étude européenne, seulement 29% des dirigeants français accepteraient de voir leurs décisions « challengées par leurs collaborateurs », contre 96% pour les dirigeants anglais et 52% pour les dirigeants allemands[11].

Conséquence : le système économique dans lequel nous vivons est fortement remis en cause puisque, selon la vague 14 du Cevipof, 91% des Français souhaitent que le capitalisme soit réformé, soit en profondeur (44%), soit sur quelques points (47%).

Source : Cevipof, février 2023 – Capitalisme

 

La défiance : un frein aux multiples effets

La courbe de couleur orange sur le schéma du Cevipof ci-dessous permet de distinguer comment a évolué la confiance vis-à-vis des grandes entreprises privées. On y distingue deux périodes de forte progression :

  1. L’une entre fin 2012 et début 2015, sous la présidence de François Hollande, qui correspond à la redéfinition des rapports entre l’Etat et les entreprises, ouverte par le rapport remis par Louis Gallois, « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française » (5 novembre 2012) et les décisions qui s’en suivront (CICE et Pacte de Responsabilité).
  2. L’autre entre mi 2018 et début 2022, pour l’essentiel durant le premier mandat d’Emmanuel Macron, ouverte par la réflexion sur la redéfinition de la finalité de l’entreprise avec le fameux rapport de Nicole Notat et Jean-Dominique Senard, « L’entreprise, objet d’intérêt collectif » (9 mars 2018) et les décisions qui s’en suivront (loi Pacte de mai 2019).

C’est donc lorsque la politique se mêle de l’entreprise en proposant de redéfinir son encastrement avec la société que les liens de la confiance se renouent.

Source : Cevipof, Evolution Confiance Organisations, Janvier 2024

Alors que les entreprises font part de leurs difficultés à recruter, une question a pris une importance déterminante : est-ce que les salariés ont confiance dans leur employeur ? D’après l’édition 2024 du Trust Barometer d’Edelman, la France pointe au 17ème rang parmi les 28 plus grands pays du monde. 77% des Français manifestent de la confiance vis-à-vis de leur employeur contre 79% en moyenne globale des 28 pays. Certes, ce taux de confiance progresse (+6 points par rapport à 2023 et +10 points par rapport à 2022) mais il reste inférieur à la moyenne. Cela est révélateur de bien des déficiences sur le contrat social, sur les difficultés du dialogue social à la française et sur le retard de notre pays dans la transition managériale (voir : « Transition managériale : heurts et malheurs français »).

Source : Edelman 2024, Confiance employeur

L’un des problèmes mis en évidence par l’édition 2024 du Trust Barometer est que l’innovation est perçue comme très mal gérée en France – seules l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Australie et les USA font pire. L’une des raisons de cette contre-performance est le fait que 60% des Français considèrent que « la science est politisée ». Une autre raison est la distance entre la population et les scientifiques. Une majorité des Français (52%) considèrent que « les scientifiques ne savent pas communiquer avec les gens comme moi ». Il n’y a que 5 pays qui font pire : Singapour, Malaisie, Inde, Thaïlande et Chine.

Un second problème tient au fait que les entreprises françaises inspirent peu de confiance de la part des salariés français mais aussi de la part des dirigeants étrangers, ce qui obère gravement l’attractivité de notre pays et la crédibilité de la « startup nation ». Ainsi, on observe que la confiance des étrangers vis à vis des entreprises françaises est faible et s’effrite depuis 2019.

Enfin, la défiance crée un climat peu propice à l’épanouissement des organisations et des personnes, comme en témoigne cet article récent de Louise Darbon dans Le Figaro (5 avril 2024) : « ‘Parce qu’on est chef d’entreprise, on est vu comme des profiteurs, voire des escrocs’ : les entrepreneurs regrettent la défiance à leur encontre ».

 

L’entreprise comme solution : un levier de changement

L’un des grands apports du Trust Barometer est la démarche de positionnement des quatre grands acteurs de l’économie que sont les entreprises et leurs contre-pouvoirs : les gouvernements, les organisations non gouvernementales (NGOs) et les média. Ces acteurs sont situés sur deux axes, en fonction des réponses données à une batterie de questions :

  • L’axe éthique, qui mesure à quel point l’acteur est honnête et transparent, à quel point il tient compte de l’intérêt général[12].
  • L’axe compétence, qui mesure à quel point l’acteur est capable ou non d’atteindre ses objectifs[13].

La carte pour la France est affichée ci-dessous.

Source : Edelman 2024, Confiance : Entreprises versus Gouvernement en France

Certes, les entreprises sont vues comme moins éthiques que les ONG, ce qui n’est pas surprenant en première analyse (elles ne visent pas l’intérêt général, même si elles peuvent s’astreindre à en tenir compte). Certes, la défiance détaillée plus haut joue son effet. Mais l’entreprise est tout de même vue comme plus éthique que les médias et surtout, beaucoup plus que les gouvernements.

Et surtout, l’entreprise se distingue sur l’axe des compétences. Elle est jugée comme beaucoup plus à même d’obtenir des résultats que les ONG et surtout que les gouvernements. On retrouve ici la grande sévérité des Français vis-à-vis de leurs institutions politiques (déjà mise en évidence par les études du Cevipof) et leur frustration devant l’inefficacité des politiques publiques pourtant très onéreuses, dans l’éducation, la sécurité, la santé. Les entreprises en revanche, sont vues comme des institutions efficaces.

Conclusion : si on veut changer le monde, on ne peut pas se passer des entreprises ! Au travers de leur stratégie RSE, elles apparaissent comme un acteur essentiel pour réduire les impacts négatifs et accroître les impacts positifs.

Cette carte de France peut être comparée à la carte du monde (la moyenne des 25 pays les plus développés) ci-dessous[14] :

Source : Edelman 2024 – Confiance : Entreprises versus Gouvernement GLOBAL

L’entreprise en France est jugée comme beaucoup moins éthique que dans la moyenne des 25 pays où elle ne l’est qu’à peine moins que les ONG. De même, le gouvernement est vu comme moins éthique en France que dans la moyenne des 25 pays. La défiance française est donc généralisée ; elle s’applique aussi aux médias et aux ONG. L’efficacité perçue des entreprises est légèrement plus prononcée en France que dans les 25 (20 points contre 17) mais c’est surtout l’inefficacité du gouvernement qui est pointée en France, bien davantage que dans les 25 (-50 contre -35).

En France comme pour la moyenne des 25 pays, les entreprises sont jugées plus éthiques que les gouvernements avec un écart d’une grosse trentaine de points (34 points en France, 32 points chez les 25). Mais concernant l’efficacité (axe compétence), l’entreprise distance le gouvernement de 70 points en France, contre 52 points « seulement » chez les 25 pays.

Déjà dans son édition 2022, le Trust Barometer pointait la supériorité de l’entreprise en matière de capacité à prendre le leadership pour résoudre des problèmes sociétaux et pour obtenir des résultats.

Source : Capacité et efficacité des acteurs, Edelman Trust Barometer 2022

Jugée à la fois plus éthique (ou moins « non-éthique ») que les gouvernements et surtout beaucoup plus efficace, l’entreprise s’impose comme une force politique, un pouvoir d’agir, un levier de changement.

Cette efficacité de l’entreprise est confirmée par le « 3ème Baromètre sur la relation des Français à l’entreprise » (mars 2023) mentionné plus haut. Il montre que les Français comptent sur l’entreprise, et de plus en plus sur les grandes entreprises, pour améliorer les choses dans la société. Aux yeux des Français, l’entreprise est le 3ème acteur qui a le plus le pouvoir d’améliorer le monde dans lequel on vit (58%, -5 points par rapport à août 20). Les moins de 25 ans (70%) et les cadres (63%) en sont les plus convaincus. Elle n’est devancée que par les citoyens eux-mêmes (67%, -9 points / août 2020) et les soignants (63%, -18/août 2020).

Elle devance en revanche « le maire de ma commune » (56%, -11/août 2020) et les associations (56%, -7/août 2020), et de manière plus nette encore le président de la République (51%, -9/août 2020), le président de Région (50%, -11/août 2020), l’Union européenne (49%, -11/août 2020), les enseignants (47%, -11/août 2020), les organisations internationales (47%, -12/août 2020), « le député de votre circonscription » (44%, -8/août 2020), les syndicats (39%, -6/août 2020) et les partis politiques (33%, -8/août 2020). Si les Français comptent avant tout sur les TPE/PME (51%, =), l’attente à l’égard des grandes entreprises progresse le plus fortement (27%, +8 points).

 

Un nouveau rôle – délicat – pour les dirigeants

L’entreprise est forte de son pouvoir d’agir et elle l’utilise. Du fait de la conviction de ses dirigeants mais aussi – et surtout – parce que ses parties prenantes le lui demandent. Voici quelques chiffres très significatifs issus de l’édition 2022 du Trust Barometer – qui n’ont malheureusement pas été réactualisés dans les éditions suivantes. Ils montrent que les comportements des parties prenantes – consommateurs, employés, investisseurs – sont désormais fortement guidés par leurs convictions et leurs valeurs.

Source : Engagement des entreprises – Edelman Trust Barometer 2022

Un autre facteur très puissant, qui pousse les entreprises à mettre en place une stratégie RSE ambitieuse, est l’effet sur l’implication des collaborateurs, comme en témoignent ces données issues de l’édition 2016 du Trust Barometer (là aussi, on apprécierait qu’elles soient mises à jour dans la prochaine édition !). Ce tableau matérialise le « surplus » d’implication des collaborateurs employés par des entreprises engagées sur des causes sociétales en termes de service client, de recommandations produits, d’engagement personnel vis-à-vis de la stratégie et de la performance, de confiance dans l’avenir de leur entreprise, de fidélisation et d’attractivité de la marque employeur.

Source : Edelman – Impact of engagement – 2016 trust-barometer global results

Les dirigeants n’ont plus le choix que de devenir des dirigeants engagés : en France et en 2024, 56% des salariés (contre 62% à l’échelle mondiale) considèrent que leur dirigeant doit s’impliquer sur des changements sociétaux et pas seulement sur ceux qui concernent leur entreprise. Les trois thèmes sur lesquels les salariés attendent le plus l’expression de leur dirigeant sont :

  • Les compétences demandées dans le futur (72% % en France contre 82% en moyenne pour les 28 pays)
  • Les usages éthiques de la technologie (68% % en France contre 79% en moyenne pour les 28 pays)
  • L’impact de l’automatisation sur l’emploi (67% % en France contre 78% en moyenne pour les 28 pays)

Source : Edelman 2024, Le dirigeant engagé, France

Richard Edelman, le fondateur et dirigeant d’Edelman le disait déjà en 2015 : “The smart CEO starts to become the ‘Chief Engagement Officer’”[15]. Mais la difficulté n’est pas mince pour le dirigeant : il s’agit de construire son territoire d’engagement en fonction de l’attente de ses parties prenantes, de la stratégie business retenue, des priorités RH et RSE et des impacts que son organisation est capable de produire (voir : « L’entreprise et le dirigeant de demain seront engagés » ).

Comme on l’a vu plus haut, la défiance des Français vis-à-vis des entreprises est liée à l’incapacité perçue de ces dernières à se saisir des enjeux qui dépassent leur efficacité économique. A ce titre, les Français sont sensibles à la capacité des entreprises à démontrer leur engagement vis-à-vis des enjeux sociaux qui concernent leurs salariés (créations d’emploi, compétences, QVCT,…). Une étude OpinionWay de mars 2022[16] posait la question suivante : « Selon-vous, quel doit-être le rôle principal de l’entreprise dans la société aujourd’hui ? », dont voici les réponses[17] :

  • Développement des salariés et compétences 51%
  • Santé et sécurité des collaborateurs 34%
  • Performance économique 33%
  • Préservation d’un patrimoine culturel 21%
  • Diversité et inclusion de tous les salariés 20%

Ceci confirme la primauté donnée aux collaborateurs parmi l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise.

Une autre étude sur « Les nouvelles attentes des Français envers les entreprises » publiée en Septembre 2020 montre que « les Français placent de plus en plus d’attentes dans les entreprises. Et ce, y compris sur des dimensions sur lesquelles elles ne sauraient être seules légitimes : formation, inclusion, égalité femmes/hommes, bien-être au travail, partage des richesses ; mais aussi création d’emplois, dynamisation des territoires, préservation du lien social, protection de l’environnement, lutte contre le réchauffement climatique »[18]. Les champs à investir en réponse à ces attentes sont vastes. Ils sont fortement liés à la politique RH et RSE.

Mais l’enjeu qui monte, comme l’a montré le 3ème Baromètre sur la relation des Français à l’entreprise (mars 2023) mentionné plus haut, c’est la protection de l’environnement. Pour 67% des Français (et 65% des salariés), la protection de l’environnement doit faire partie des priorités des entreprises pour améliorer les choses dans la société. Cette conviction est homogène parmi la population, elle transcende les clivages générationnels et socio-économiques (67% des 15-24 ans, 71% des 65 ans et plus, 64% des CSP+, 64% des CSP-…).

Or, les Français sont 59% (dont 62% des salariés) à estimer que les entreprises ne sont pas à la hauteur de la crise écologique (voir : « Climat : les entreprises françaises ne sont pas à la hauteur de l’enjeu » ), contrairement aux associations (59% à la hauteur), aux citoyens (55%) ou aux collectivités locales (54%). Mais c’est un jugement moins sévère que l’État (68% pas à la hauteur) ou les partis politiques (83%).

Les dirigeants n’ont pas tous les compétences pour s’engager publiquement. Une étude intitulée « Emotional Leaders », réalisée par Havas Paris en 2023, révélait que 68% des Français estiment que les dirigeants des grandes entreprises manquent d’intelligence émotionnelle, un constat encore plus plébiscité par les jeunes générations (81%), pour qui avoir accès à un dirigeant d’une entreprise sur LinkedIn signifie qu’elle est plus moderne et moins verticale. Dans le CAC 40, seulement 27 entreprises sur 40 ont un CEO actif sur LinkedIn…

L’équilibre à trouver est délicat. Les dirigeants doivent s’engager et prendre des positions sur des sujets qui concernent leur entreprise et sur lesquels celle-ci peut exercer un impact. En revanche, ils doivent se garder de se hasarder sur des sujets sur lesquels ils risqueraient de ne pas apparaître comme légitimes et de pratiquer la « politique politicienne ». De ce point de vue, le « backlash » (effet de ressac) qui a sanctionné les interventions parfois intempestives des dirigeants d’entreprises aux Etats-Unis a servi de leçon. Certains d’entre eux s’étaient fortement engagés en faveur de causes comme Me Too, Black Lives Matter ou l’intersectionnalité, sans vraiment montrer en quoi leur entreprise peut faire levier sur elles. Ces dirigeants se trouvaient alors ballotés entre deux risques : celui de la politisation lorsque la cause soutenue n’a pas un impact sur l’entreprise et celui du greenwashing lorsque la cause n’est pas soutenue par un plan d’action concret.

Ainsi par exemple, Mayada Boulos, présidente de Havas Paris déclare dans le magazine Challenges, « les multinationales doivent se mêler de politique »[19]. Pourtant, l’hebdomadaire relève le silence assourdissant des dirigeants de grandes entreprises parmi tous ceux qui ont appelé à la grande marche contre l’antisémitisme en novembre 2023, à l’exception de Maurice Lévy, président du conseil de surveillance de Publicis et de Marguerite Bérard, à l’époque directrice générale de la banque de détail de BNP Paribas. Et cela, « malgré la responsabilité sociale, sociétale et environnementale de l’entreprise, déclinée à tout bout de champ ».

Dans une interview au quotidien Le Figaro du 3 février 2024, Richard Edelman, PDG du leader mondial des relations publiques, l’entreprise qui porte son nom, indiquait avec force : « Je dis à nos clients : restez en dehors de la géopolitique et de la politique ! (…) Les entreprises doivent bien sûr défendre les valeurs de diversité et d’inclusion qui sont ancrées dans leur quotidien, mais il est plus délicat pour elles de s’aventurer sur le terrain des politiques publiques traitant de ces sujets« .

 

Conclusions (provisoires…)

Il est de la responsabilité du dirigeant d’aujourd’hui de recréer les conditions de la confiance. Certains sont bien avancés dans cette démarche, comme Pascal Demurger, directeur général du Groupe MAIF, qui affirme que « confiance et exigence ne sont pas antinomiques »[20]. Alors que la MAIF est passée depuis une dizaine d’années d’un schéma très descendant à un management par la confiance, « nous avons vu rapidement les bénéfices. L’absentéisme, par exemple, a chuté de 25 % en quelques mois ». Dans ces approches de management par la confiance, un rôle essentiel est joué par les managers de proximité, qui sont les véritables porteurs de ce management par la confiance (voir : « Transformation du management : la révolution de la confiance »).

Dans son article publié dans la HBR, “Build Your Reputation as a Trustworthy Leader”, Ron Carucci se réfère aux données du Trust Barometer d’Edelman pour alerter les dirigeants[21]. Ce n’est pas parce que les entreprises émergent comme les seules institutions capables de transformer le monde que leurs dirigeants vont naturellement imposer la confiance. En s’appuyant sur son étude de 3.200 dirigeants d’entreprise étalée sur quinze ans, il affirme que pour gagner et conserver la confiance, être fiable et intègre n’est que le socle minimum. Il faut y ajouter quatre chantiers dont le plus consistant est un travail de fonds sur les valeurs.

L’éthique personnelle du dirigeant et l’éthique de l’entreprise (pas toujours alignées…) sont de plus en plus challengées quand il est question des enjeux d’aujourd’hui : performance globale, responsabilité, mise en œuvre de l’IA, confiance entre les acteurs. Comme l’indiquait justement l’écrivain, théologien protestant et philosophe danois Søren Kierkegaard (1813 – 1855) : « c’est seulement quand on est assez habile pour vouloir construire un système sans y introduire l’éthique que tout marche bien, que l’on possède un système où l’on a tout, tout le reste, et où l’on a omis la seule chose nécessaire ».

Le management par la confiance repose sur l’éthique du dirigeant et sur sa capacité à engager à la fois son corps social pour son projet d’entreprise (sa raison d’être) et son entreprise pour ses parties prenantes.

Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises, fondateur et président de
Management & RSE, Directeur de l’Executive Master Trajectoires Dirigeants de Sciences Po

 

Pour aller plus loin :

Deux ouvrage (toujours parfaitement actuels) de trois brillants économistes :

  • Yann Algan et Pierre Cahuc, « La Société de défiance, Comment le modèle social français s’autodétruit », Editions de la rue d’Ulm, Collection du Cepremap, octobre 2007
  • Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg, « La fabrique de la défiance… et comment s’en sortir », Albin Michel, février 2012

Crédit image : « La Pompiste du Boulevard Hausmann », photographie de Roger Schall (1904-1995), précurseur de la photographie humaniste, Paris, 1937

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[1] Méthodologie : Edelman est le leader mondial des relations publiques. Le Trust Barometer 2024 d’Edelman est la 24e enquête annuelle du groupe. L’étude a été réalisée par l’Edelman Trust Institute et s’est appuyée sur des entretiens en ligne de 30 minutes menés entre le 3 et le 22 novembre 2023 dans 28 pays avec 32.000 répondants (1.150 en France).

[2] « Les Français, les entreprises et le MEDEF », Sondage ELABE pour BFM BUSINESS, 26 juin 2023. Echantillon 1001 personnes interrogées par Internet du 19 au 20 juin 2023.

[3] « Les nouvelles attentes des Français envers les entreprises », Enquête ELABE pour l’Institut de l’Entreprise, 22 Septembre 2020

[4] Enquête réalisée en ligne du 25 au 30 octobre 2023 sur un échantillon de 1.500 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

[5] « Face aux crises, les Français comptent sur l’entreprise ; 3ème Baromètre sur la relation des Français à l’entreprise », étude de L’Institut de l’entreprise, mars 2023

[6] Jean-Marie Descarpentries et Philippe Korda, « L’entreprise réconciliée », Albin Michel, septembre 2007

[7] « 15ème vague du baromètre de la confiance politique », Cevipof (Centre d’étude de la vie politique française), Janvier 2024

[8] « L’Entreprise face aux attentes des Français ; Comment consolider la confiance ? », Rapport de l’Institut de l’Entreprise, août 2021

[9] « Relations employeurs – salariés : la crise de confiance », présentation des résultats de l’étude TNS/Sofres pour Altedia par « Les Echos » du 30 novembre 2009

[10] « A quoi servent les entreprises ? », janvier 2018, sondage réalisée par Elabe pour L’institut de l’entreprise

[11] Source : Innovation managériale, mai 2017

[12] « Serves the interests of everyone equally and fairly ».

[13] « Is good at what it does ».

[14] Pour des raisons techniques, 3 pays parmi les 28 suivis sont exclus de cette analyse : Chine, Corée du Sud et Thaïlande.

[15] Richard Edelman in The Huffington Post, June 2015

[16] « Entreprises & Transition ; Les attentes des Français sur la place de l’entreprise et des consommateurs dans la transition écologique & sociale ; Enseignements du sondage OpinionWay pour Kea & Partners, mars 2022. Échantillon de 1.028 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[17] Deux réponses possibles ; total supérieur à 100%

[18] « Les nouvelles attentes des Français envers les entreprises », Enquête ELABE pour l’Institut de l’Entreprise, 22 Septembre 2020

[19] Challenges, 16 novembre 2023

[20] « « Confiance et exigence ne sont pas antinomiques » : la méthode Demurger », L’Express, 22 février 2024

[21] Ron Carucci, “Build Your Reputation as a Trustworthy Leader”, Harvard Business Review, June 11, 2021

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