Le pape François : la RSE au cœur du Vatican

Il est très difficile de tourner la page ouverte par le pape François. Il nous laisse un héritage particulièrement riche sur le travail, l’entreprise, le management et la RSE. Je voudrais dire quelques mots de cet héritage. En toute laïcité, car je suis un indécrottable social-démocrate agnostique. Pourtant, les paroles et les écrits de François m’ont souvent intéressé, interpellé, inspiré, notamment lorsqu’il évoque ces thèmes, souvent soigneusement ignorés par ses exégètes.

Parmi des centaines de milliers de fidèles applaudissant, la procession du cercueil du pape François résonnait ce samedi 26 avril 2025 comme une ultime manifestation d’affection dans les rues de Rome. Ces fidèles ont accompagné le long de son parcours de cinq kilomètres, le cercueil de François jusqu’à sa dernière demeure, une église d’un quartier populaire, proche de la gare Termini, qu’appréciait celui qui a refusé de se laisser claquemurer avec ses prédécesseurs dans les sous-sols du Vatican. Ce que François nous laisse sur le travail, l’entreprise, le management et la RSE (Responsabilité sociétale de l’entreprise) restera vivant. Qu’on soit croyant ou non, cela fait partie de notre patrimoine, ou pour reprendre un terme qu’il affectionnait particulièrement, notre bien commun.

Le pape François communiquait une conception très réaliste de la RSE, dont il discernait parfaitement les limites : « Le discours de la croissance durable devient souvent un moyen de distraction et de justification qui enferme les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la technocratie ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises se réduit d’ordinaire à une série d’actions de marketing et d’image »[1].

Il savait que la voie de sortie nécessite quelques remises en cause difficiles : « Beaucoup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes, en essayant seulement de réduire certains impacts négatifs du changement climatique. Mais beaucoup de symptômes indiquent que ces effets ne cesseront pas d’empirer si nous maintenons les modèles actuels de production et de consommation » (LS 26).

La réponse à opposer à cette menace, selon François, c’est évidemment la transcendance : « L’attitude fondamentale de se transcender, en rompant avec l’isolement de la conscience et l’autoréférentialité, est la racine qui permet toute attention aux autres et à l’environnement, et qui fait naître la réaction morale de prendre en compte l’impact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de soi-même » (LS 208)[2]. Cette transcendance donne une ambition morale et éthique aux politiques de relations avec leurs parties prenantes que construisent les entreprises.

 

1 – Une vision positive du travail, au cœur du projet social et de la RSE

Tout commence par le travail, qui compose la colonne vertébrale d’une politique RSE digne de ce nom. Il n’y a pas de RSE sans la reconnaissance du travail humain et du potentiel des collaborateurs, principale partie constituante (et pas seulement « prenante ») de l’entreprise.

Or, ce qu’il y a de pire dans le travail, ce n’est pas la souffrance mais c’est d’en être privé : « Ceux qui n’ont pas de travail sentent qu’il leur manque quelque chose, qu’il leur manque la dignité que le travail donne, qu’il oint de dignité, » assurait le pape François, ancien archevêque de Buenos Aires, dans un message adressé le 14 octobre 2021 à la fondation argentine IDEA et au syndicat des travailleurs de l’économie populaire. Dans une homélie intitulée « Le travail est la vocation de l’homme », prononcée le 1er mai 2020, François affirmait : « Le travail possède en lui la bonté, il crée l’harmonie des choses – beauté, bonté – et il concerne l’homme dans sa totalité : dans sa pensée, dans son action, dans tout. L’homme est impliqué dans le travail. C’est la première vocation de l’homme : travailler. Et cela confère sa dignité à l’homme. La dignité qui le fait ressembler à Dieu. La dignité du travail ».

Le pape François portait une vision positive du travail, à contre-courant de ce que nous enseigne la vulgate sur les origines du christianisme. La Genèse (3.19) nous a prévenus : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière, » dit Dieu à Adam en le chassant du Jardin d’Eden. Cette vision doloriste est confortable, cohérente avec l’étymologie supposée du mot travail, qui viendrait du tripalium, instrument de torture[3]. J’ai montré dans un autre article en quoi cette hypothèse du tripalium apparue seulement au XXème siècle, est très probablement fantaisiste. Elle est pourtant partout (voir : « Travailler, manager, diriger : quand le langage nous travaille »). Pour cette tradition catholique, le travail serait l’ultime souffrance (nécessité d’une rédemption), comme il l’est pour le courant marxiste (aliénation).

En fait, le catholicisme ne porte pas intrinsèquement une conception doloriste du travail, bien au contraire. C’est la pénibilité du travail et non le travail lui-même qui pose problème. Dans l’Ancien Testament, Dieu le créateur travaille, tout comme Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Dans le Nouveau Testament, Joseph et Jésus sont charpentiers et le Christ rencontre ses premiers apôtres au travail, à la pêche. Saint Paul dit de celui qui ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus – au grand dépit des (futurs) apôtres du revenu universel (voir : « Revenu universel : est-ce bien socialement responsable ? »)[4].

Dans la parabole du majordome, Jésus fait l’éloge d’un bon serviteur appelé à nourrir tous ceux de la maison de son maître, parce qu’il le trouve occupé à faire son travail à son retour. « Heureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera occupé de la sorte ». C’est-à-dire en train de travailler. Et dans les livres de Sagesse biblique, le travail est souvent mis à l’honneur. « Je ne vois rien de mieux pour l’homme que de jouir de son ouvrage, car tel est son lot ».

La parabole des talents, que les Évangiles nous racontent à deux reprises (selon Matthieu 25,14-30 et selon Luc 19,12-27) nous enseigne que la somme des talents reçus à la naissance importe peu. C’est ce qu’on en fait, c’est-à-dire le travail, l’effort et le mérite, qui doivent être récompensés. Dans la société biblique où les riches ne travaillaient pas et seuls les pauvres le devaient pour se nourrir, la sagesse remarquait que celui qui travaille est moins soucieux que son maître : « Le travailleur dormira en paix, qu’il ait peu ou beaucoup à manger, alors que l’abondance du riche, même rassasié, l’empêche de dormir »[5].

Dans son homélie « Le travail est la vocation de l’homme », le pape François insiste, en s’appuyant sur la Genèse, sur le lien sacré entre l’œuvre de Dieu et le travail humain : le Créateur créa le monde, il créa l’homme et il donna une mission à l’homme : gérer, travailler, faire avancer la création. « Et le mot travail est celui qu’utilise la Bible pour décrire cette activité de Dieu : « Dieu conclut au septième jour le travail qu’il avait fait et il chôma, après tout le travail qu’il avait fait » ». Et François poursuit : « Et il confie cette activité à l’homme : « Tu dois faire cela, garder cela, cela aussi, tu dois travailler pour créer avec moi – c’est comme s’il disait ainsi – ce monde, pour qu’il aille de l’avant »[6]. Au point que le travail n’est que la poursuite du travail de Dieu : le travail humain est la vocation de l’homme reçue de Dieu, à la fin de la création de l’univers »[7].

Dans une autre branche de la chrétienté, Luther a traduit le mot grec ponos (la peine, le travail pénible) de la Bible par Beruf, la vocation, et y verra le moyen de la rédemption et de l’accomplissement de l’homme.

La conception positive du travail portée par François est aussi attentive aux conditions de sa réalisation : elle n’est ni béate, ni naïve. Dans un message aux jeunes participants de « LaborDì : un chantier pour générer du travail », il se montre très préoccupé par la précarité du travail, notamment vis-à-vis des jeunes, « lorsque le travail n’est pas suffisamment stable et qu’il compromet les projets et les choix de vie, comme le fait de fonder une famille et de vouloir des enfants ». François fustige ce « job vacuum » considéré comme un sol qui se dérobe sous les pieds, vacillant entre « stages, emplois occasionnels et temporaires ». Pour lui, les ressources ne manquent pas et « doivent être utilisées pour réaliser des rêves concrets, comme celui d’un emploi stable et durable, d’une famille à former, de temps à consacrer librement aux autres dans le cadre d’un travail bénévole »[8].

 

2 – Le travail comme mode d’intégration à la société : le lointain et le prochain

Premier pape latino-américain de l’histoire, François est fils et petit-fils de migrants italiens. Le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio a été viscéralement un pape du Sud, un pape des pauvres, des marginaux et un pape des périphéries. En cela, il incarne le basculement géographique du catholicisme : en 1900, 60 % des catholiques vivaient en Europe, contre 20 % en 2022[9]. En 2050, seuls 25% des catholiques se trouveront en Occident. François a entériné ce renversement de l’Eglise vers le Sud et vers des problématiques globales.

Le dimanche 20 avril 2025, veille de sa mort, il dénonçait encore la montée de l’antisémitisme dans le monde et la catastrophe humanitaire en cours à Gaza. Son engagement ferme pour la cause des migrants et sa critique constante des excès du capitalisme et du consumérisme – « la culture du déchet, » disait-il – resteront comme des fondamentaux.

Les migrants viennent chercher dans les pays développés les conditions de l’oisiveté ? Dans son message adressé le 14 octobre 2021 cité plus haut, le Pape François a évoqué le fait que certains lui ont fait dire des choses qu’il ne soutenait pas : « Que je propose une vie sans effort, ou que je méprise la culture du travail. Imaginez que vous puissiez dire cela d’un descendant de Piémontais, qui ne sont pas venus dans notre pays avec le désir d’être soutenus, mais avec l’énorme désir de retrousser leurs manches pour construire un avenir pour leurs familles ». Il ajoute : « Il est intéressant de noter que les migrants n’ont pas placé leur argent à la banque, mais dans des briques et de la terre. La maison d’abord. Ils étaient tournés vers l’avenir de la famille, l’investissement familial ».

Le pape François porte une conception du travailleur, salarié ou indépendant, qui en fait une partie constituante – et non pas une simple partie prenante – du projet porté par l’entreprise.

Le travail exprime et nourrit la dignité de l’être humain, il lui permet de développer les capacités que Dieu lui a données, il l’aide à tisser des relations d’échange et d’entraide, il lui permet de sentir qu’il est le collaborateur de Dieu pour prendre soin de ce monde et le développer, il lui permet de se sentir utile à la société et solidaire de ses proches, a plaidé François, considérant que le travail, « au-delà des épreuves et des difficultés », est « la voie de la maturité, de l’épanouissement personnel, qui donne des ailes aux meilleurs rêves ».

De ce fait, il n’est pas question de se complaire dans les subventions ou l’assistanat. Car sans travail, il n’y a pas de dignité et donc d’intégration possible, insiste François dans l’une de ses homélies consacrées au travail : « Une fois, dans une Caritas, à un homme qui n’avait pas de travail et qui allait chercher quelque chose pour sa famille, un employé de la Caritas [a donné quelque chose à manger] et a dit: « Au moins vous pouvez apporter du pain à la maison » – « Mais cela n’est pas assez, ce n’est pas suffisant », a été la réponse : « Je veux gagner du pain pour l’apporter à la maison ». Il lui manquait la dignité, la dignité de « faire » lui-même le pain, avec son travail, et de l’apporter à la maison. La dignité du travail, qui est malheureusement tant piétinée »[10].

Dans son encyclique ‘Laudato si’, François écrit : « Le travail est une nécessité, il fait partie du sens de la vie sur cette terre, chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle. Dans ce sens, aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail » (LS 128).

François a réservé son premier voyage de pape en dehors de Rome, le 8 juillet 2013, à l’île de Lampedusa, devenue régulièrement un point d’entrée des exilés en Europe, souvent au péril de leur vie, où il a dénoncé « la mondialisation de l’indifférence ». Elu quelques mois plus tôt, il avait jeté une couronne de fleurs à la mer en mémoire des innombrables naufragés morts pendant la traversée. Et il nous alertait : « Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre ; elle ne nous intéresse pas. Revient à l’esprit la figure de ‘l’Innommé’ de Manzoni. La globalisation de l’indifférence nous rend tous innommables ».

Un jour de printemps 2016, le pape François s’est rendu sur l’île grecque de Lesbos, l’un des épicentres de la crise des réfugiés en Europe à l’époque. En repartant, il a emmené avec lui deux familles de réfugiés syriens de Damas et de Deir ez-Zor, précisant que « le Vatican se chargera de les accueillir et de les entretenir ». Il admet alors que ce sauvetage a été « une goutte d’eau dans la mer », mais « après cette goutte, la mer ne sera plus jamais la même ».

Il restait fidèle à cette attitude sept ans plus tard quand il dénonçait, à Marseille, en septembre 2023, cette même « indifférence » devenue « fanatique ». Il revenait sur l’exigence de dignité : « La Méditerranée est devenue un immense cimetière ou nombreux sont ceux qui sont privés d’une tombe et où seule est ensevelie la dignité humaine »[11]. Il appelait la France à retrouver le sens de l’accueil et de la compassion. Et afin de ne laisser nulle place au doute, il précisait devant le monument à la mémoire des disparus en mer : « Les personnes qui risquent de se noyer lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots doivent être secourues, c’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation »[12].

Pour François, le travail est un droit essentiel qui permet aux migrants non seulement de survivre mais de s’intégrer dans les sociétés qui doivent mieux les accueillir. Ce pape argentin « tourné vers le Grand Sud », selon l’expression de l’historienne Blandine Chellini-Pont, spécialiste de géopolitique des religions, n’a cessé de mettre l’accent sur les droits des migrants : « Pendant ce pontificat, la cause des migrants a pris le pas sur celle des droits humains, » explique-t-elle. « L’objectif du combat de François était que l’on reconnaisse des droits aux migrants, les mêmes qu’aux nationaux, qu’ils puissent librement circuler pour trouver du travail. Une part importante d’ailleurs de ces migrants sont, c’est à noter, des chrétiens d’Afrique »[13].

Dans ce domaine comme dans d’autres, François appelait chacun à s’ouvrir à des approches économiques et financières nouvelles, qui incorporent des attitudes et des formes de vie, fondées sur le « discernement éthique » (voir : « Le discernement, une compétence clé pour la RSE »).

L’un des derniers actes du pontificat de François a été l’envoi d’une lettre le 10 février 2025, à l’adresse des évêques américains pour déplorer les déportations massives de migrants sans papiers, promouvoir la dignité universelle de chaque être humain et attirer leur attention sur les conséquences de la politique d’expulsion massive des migrants menée par l’administration Trump.

Le pape François sur la place Saint-Pierre en 2014 – Libération du 22 avril 2025

Et François ne se contentait pas de regarder le travail au lointain. Il obligeait chacun à prendre ses responsabilités, au plus près de la misère : « Ici, chez nous. Je pense aux travailleurs, aux journaliers, qu’on fait travailler pour une rétribution minimale et pas seulement huit heures, mais douze, quatorze heures par jour : cela arrive aujourd’hui, ici. Dans le monde entier, mais ici aussi. Je pense à la domestique qui n’a pas une juste rétribution, qui n’a pas la sécurité sociale, qui ne verse pas pour sa retraite : cela n’arrive pas seulement en Asie. Ici aussi »[14].

Plus largement que « le pape des migrants », étiquette à laquelle certains ont voulu le réduire, François a été le pape de l’inclusion sociale.

 

3 – L’odeur du travail : le vrai trésor du chef d’entreprise et le point d’entrée dans la RSE

L’odeur du travail est l’une des trois conditions que le pape François fixait aux chefs d’entreprise pour « entrer dans le Royaume des Cieux ». C’est leur trésor. Il s’est exprimé sur le sujet au Vatican, le 12 septembre 2022, en recevant 5.000 dirigeants d’entreprises de la Confindustria, la confédération générale de l’industrie italienne, l’équivalent de notre Medef.

Voici comment il formulait cette condition : « Ne pas oublier l’odeur du travail ». Il explique : « Le bon entrepreneur connaît les travailleurs parce qu’il connaît le travail ». Il enjoint les dirigeants à ne pas oublier « l’odeur du travail, » en cultivant la proximité avec leurs employés.

« L’une des graves crises de notre temps est la perte de contact des employeurs avec le travail : en évoluant, les chefs d’entreprise passent leur vie dans les bureaux, les réunions, les voyages, les congrès, et ne fréquentent plus les ateliers et les usines. Ils oublient “l’odeur” du travail ». En entreprise, c’est ce qu’on appelle, « perdre le contact avec le terrain » ou « être déconnecté » ou encore « être hors sol »…

François est revenu plus précisément sur cette perte de contact dans un message adressé aux chefs d’entreprise du Medef. Les dirigeants du Medef auraient bien voulu que le pape, comme en Italie avec la Confindustria, participe à l’une de leurs réunions. Ils ont donc transmis au Vatican une invitation pour la REF 2023 (Rencontre des entrepreneurs de France, ex-université d’été du Medef), qui se tenait les 28 et 29 août 2023 à l’hippodrome de Paris-Longchamp. Le pape n’a pas pu honorer l’événement de sa présence mais il a adressé un message, lu in-extenso par Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, en préambule à une table ronde portant sur « la foi en l’avenir ». A notre connaissance, c’est la première fois qu’un pape adresse un texte aux chefs d’entreprise français.

Dans ce message, François montre que c’est le travail qui établit le lien : « L’entrepreneur est aussi un travailleur. Il vit de travail, il vit en travaillant, et il reste entrepreneur tant qu’il travaille. Lorsque l’entrepreneur ne travaille plus, il se transforme en spéculateur ou en rentier et change de métier. Le bon entrepreneur, comme le « bon berger » de l’Évangile, contrairement au « mercenaire », connaît ses travailleurs parce qu’il connaît leur travail. Une des graves crises de notre temps est la perte de contact de l’entrepreneur avec le travail de son entreprise, et donc avec ses travailleurs, qui deviennent « invisibles » (Pierre-Yves Gomez, « Le travail invisible ; enquête sur une disparition », Ed. François Bourin, février 2013) ». Il n’est pas si fréquent de voir un pape citer un travail universitaire !

Certains ont vu dans ce message, une opposition entre l’entrepreneur glorifié parce qu’il « travaille » et « connait ses travailleurs » et le chef d’entreprise ou le dirigeant d’une plus grande entreprise, voire d’un grand groupe ou d’une multinationale, qui lui, aurait perdu ce contact et devient donc un « spéculateur » ou un « rentier ». Bien sûr, au-delà de quelques centaines de collaborateurs, et a fortiori dans des groupes qui emploient plusieurs milliers de salariés, il est impossible pour un dirigeant de connaître personnellement et individuellement chaque collaborateur. Mais cela ne l’empêche nullement de connaître les métiers, les activités et les savoir-faire déployés dans « son » entreprise, de ménager des occasions fréquentes d’échanges avec les collaborateurs à tous les niveaux de la hiérarchie, bref, de connaître le travail. Et c’est cela qui importe !

Dans sa conversation avec les dirigeants italiens, le Pape François a rappelé le lien d’interdépendance entre un dirigeant et ses employés. « Chaque travailleur dépend de ses managers et de sa direction, mais il est également vrai que le chef d’entreprise dépend de ses employés, de leur créativité, de leur cœur et de leur âme : il dépend de leur “capital” spirituel ». J’ai bien envie d’opposer cette notion de capital spirituel à celle que je conteste, le « capital humain » (voir : « Sommes-nous tous du capital humain ? »).

Enfin, la perte de contact vis-à-vis des employés se double d’un risque de brisure du lien avec les produits : « On oublie « l’odeur » du travail, on ne reconnaît plus les produits les yeux fermés en les touchant ; et quand un entrepreneur ne touche plus ses produits, il perd le contact avec la vie de son entreprise, et souvent son déclin économique commence, » a-t-il relevé.

Il est d’ailleurs revenu sur cet attachement en le liant à la vocation, dans son message d’août 2023 adressé au Medef : « Vous êtes devenus entrepreneurs parce qu’un jour vous avez été fascinés par l’odeur de l’atelier, par la joie de toucher vos produits avec vos mains, par la satisfaction de voir que vos services sont utiles : ne l’oubliez jamais, c’est ainsi qu’est née votre vocation. Et en cela vous ressemblez à Joseph, à Jésus qui a passé une partie de sa vie à travailler comme artisan : « le Verbe s’est fait charpentier ». Il connaissait l’odeur du bois ». L’amour du métier, du « faire » est le moteur de l’énergie entrepreneuriale, plus que la volonté d’amasser parts de marché, profits et dividendes. Ce que François appelle « vocation » pourrait aujourd’hui se réincarner dans la raison d’être définie par la loi Pacte de 2019.

Et si pour les dirigeants, « l’odeur du travail » était le point d’entrée dans une RSE authentique et véritablement ancrée dans le social ? 

 

4 – L’entrepreneur et l’entreprise, au cœur de la RSE

« J’ai évoqué à plusieurs reprises la noble vocation de l’entrepreneur qui cherche de manière créative à produire des richesses et à diversifier la production, tout en permettant de créer des emplois, » a affirmé le Pape François, dans un message adressé le 14 octobre 2021, soulignant l’importance « de la dignité du travail »[15].

L’entrepreneur est accueilli à bras ouverts, y compris s’il échoue, ce qui contraste avec la conception judéo-chrétienne en vigueur en France, qui a du mal à pardonner l’échec. De ce point de vue, François est très anglo-saxon. Dans son message adressé au Medef en août 2023, François explique : « Les médias parlent peu des difficultés et de la douleur des entrepreneurs qui ferment leur entreprise et échouent sans que ce soit de leur faute. Le livre de Job nous apprend que le malheur n’est pas synonyme de faute car il frappe aussi les justes, et que le succès n’est pas immédiatement synonyme de vertu et de bonté. Le malheur touche tout le monde, les bons comme les mauvais. L’Église comprend la souffrance du bon entrepreneur, elle comprend votre souffrance. Elle l’accueille, elle vous accompagne, elle vous remercie ».

Ses convictions sur l’entrepreneur et l’entreprise s’inscrivent dans une longue tradition. Dans son livre « L’invention du travail », l’historien Olivier Grenouilleau en retrace l’histoire sur le temps long et souligne les points communs entre plusieurs papes, notamment Léon XIII et Jean-Paul II, qui tous insistent sur la nécessité de prendre en compte la personne dans le travail[16]. Dans l’encyclique[17] Rerum Novarum (« Des choses nouvelles ») publiée en 1891, qui constitue le texte inaugural de la doctrine sociale de l’Église catholique, le pape Léon XIII dénonçait la concentration des richesses entre « les mains de quelques-uns de l’industrie et du commerce, devenus le partage d’un petit nombre d’hommes opulents et de ploutocrates qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires » et le comportement des patrons versant une rémunération insuffisante. On a du mal à imaginer aujourd’hui un discours aussi direct…

Dans ce texte, Léon XIII, qui a gagné le surnom de « pape des ouvriers », condamnait leur pauvreté et déclarait que les riches et les patrons devaient « ne point traiter l’ouvrier en esclave, respecter en lui la dignité de l’homme ». Pour y parvenir, il encourageait la formation des syndicats, ce qui ne l’empêchait pas de s’opposer au socialisme.

Quarante ans plus tard, dans l’encyclique Quadragesimo Anno, Pie XI faisait remarquer que « s’il est vrai que la science économique et la discipline des mœurs relèvent de principes propres, il y aurait néanmoins erreur à affirmer que l’ordre économique et l’ordre moral sont si éloignés l’un de l’autre que le premier ne dépend d’aucune manière du second ». Les bases de l’entreprise responsable, celle qui fait dialoguer les principes et les actes, étaient jetées.

Un siècle après Rerum Novarum, en 1991, Jean-Paul II publie l’encyclique Centesimus Annus, dans laquelle il affirme que le but de l’entreprise n’est pas uniquement la création d’un profit mais l’existence même de l’entreprise comme communauté de personnes. Il ajoute : « Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives pour l’efficacité économique de l’entreprise ». Il n’y a pas de performance économique sans performance sociale : on reconnaît ici le courant de pensée qui a irrigué la « RSE à la française » et certains « patrons éclairés » comme Antoine Riboud et son double projet (voir : « Parole de dirigeant : le discours clairvoyant d’Antoine Riboud à ses pairs »).

Dans cette lignée, le catéchisme officiel de l’Église nous dit aujourd’hui qu’une « théorie économique qui fait du profit la règle exclusive et la fin ultime de l’activité est moralement inacceptable »[18]. La RSE a repris cette ligne de conduite dans la théorie des parties prenantes et dans les soubassements de la performance globale, en affirmant que le profit est un moyen d’assurer la pérennité et la croissance de l’activité, mais jamais une fin, qui ferait passer l’activité humaine d’une logique de l’être à une logique de l’avoir.

Dans Laborem exercens (septembre 1981), Jean-Paul II écrivait déjà : « Le but du travail reste toujours l’homme lui-même ». D’ailleurs, précisait-il, « Bien qu’il soit vrai que l’homme est destiné et est appelé au travail, le travail est avant tout “pour l’homme” et non l’homme “pour le travail” ».

C’est sur ces bases que François a construit ses convictions sur l’entreprise et sur l’entrepreneur. Dès 2013, il signe l’exhortation apostolique Evangelii gaudium (« La joie de l’Évangile »), un premier texte très engagé dans lequel il dénonce « la dictature de la finance », « le fétichisme de l’argent », et la « main invisible » du marché en laquelle nous ne « pouvons plus avoir confiance ». Une « économie de l’exclusion », « sans visage », « qui tue », selon ses propres mots. En 2016, au retour des JMJ de

Pologne, François jugeait qu’« au centre de l’économie, il y a le dieu Argent, et non la personne, l’homme et la femme. Voilà le premier terrorisme ». De quoi choquer le grand public au lendemain des attentats islamistes. Ces formules « cash » lui vaudront dans le monde occidental, baigné de culture libérale, un certain nombre de critiques[19].

Ce pape serait-il marxiste ? C’est ainsi que le voient bon nombre de néoconservateurs américains. « Certains disent qu’il a une lecture un peu plus marxisante que ses prédécesseurs, car il fait davantage reposer la responsabilité des errements du capitalisme sur les structures et les institutions que sur les individus », reconnaît l’économiste et dominicain Jacques-Benoît Rauscher. « Même s’il appelle parfois à renverser la table, sa lecture n’est pas fondée sur la lutte des classes. Son modèle, c’est l’économie incarnée au service du bien commun, dans la droite ligne de la doctrine sociale de l’Église », observe le jésuite Marcel Rémon, à la tête du Centre de recherche et d’action sociales (Ceras)[20].

Dans l’un de ses livres, Mark Carney, actuel Premier ministre du Canada, raconte une réunion organisée par le pape François en juillet 2014, avec une soixantaine de personnalités économiques à la villa Pia, dans les jardins du Vatican. Autour de la table, quelques grands noms de l’économie mondiale : Mark Carney, qui était à l’époque gouverneur de la Banque d’Angleterre, Pascal Lamy, à l’époque directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, Peter Brabeck, patron de Nestlé. François a exposé sa vision de l’entreprise et de l’économie de marché sous forme de parabole : « Comme le vin, qui est un bouquet de saveurs, de couleurs, d’odeurs, l’humanité est beaucoup de choses. Elle est passionnée, curieuse, rationnelle, altruiste, créative, et intéressée. Le marché, lui, est comme la grappa, ce vin distillé qui n’est qu’alcool, il n’est qu’intéressé. Votre mission est de retransformer la grappa en vin, de remettre le marché dans l’humanité ».

Bien que le mot ne soit pas prononcé, cette formule, « remettre le marché dans l’humanité » pourrait aisément être considérée comme la raison d’être de la RSE – ou du moins du « capitalisme responsable » ou encore du « capitalisme des parties prenantes ».

Alors, « remettre le marché dans l’humanité », est-ce mission impossible ? Bertrand Badré, ancien directeur financier de la Banque mondiale, qui était également présent ce jour-là, a expliqué au quotidien La Croix : « Certes, depuis le début de son pontificat, le pape a une vision très critique de l’économie de marché, qu’il considère comme un véritable fléau. Mais il fait aussi partie de ceux qui ont le plus contribué à faire bouger les choses, à un moment où le monde ne peut plus fermer les yeux sur les limites humaines et environnementales du capitalisme »[21].

C’est justement l’entrepreneur, par l’intermédiaire de son travail et de sa capacité à assumer ses responsabilités, qui rend ses lettres de noblesse à l’économie, selon le pape François : « Quand je pense aux chefs d’entreprise, le premier mot qui me vient à l’esprit est « Bien commun ». Il n’est, en effet, pas possible aujourd’hui d’imaginer une amélioration du Bien commun, c’est-à-dire de la vie économique et sociale, de la justice, des conditions de vie des plus pauvres, sans considérer les entrepreneurs comme des acteurs du développement et du bien-être. Vous êtes un moteur essentiel de la richesse, de la prospérité, du bonheur public »[22].

 

5 – L’entreprise et le bien commun

Devant les 5.000 patrons réunis au Vatican le 12 septembre 2022 (voir ci-dessus), le pape François s’adressait « au monde des entrepreneurs » en général, qu’il a décrit comme « une composante essentielle de la construction du bien commun » et « un moteur primordial du développement et de la prospérité ». Il a défendu les valeurs entrepreneuriales, sans lesquelles « la Terre ne résistera pas à l’impact du capitalisme ».

Il a rappelé à quel point la tâche est ardue. D’après l’Evangile de Matthieu, « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux », dit Jésus aux disciples après leur avoir raconté la parabole du jeune homme riche[23]. A ce jeune homme qui lui demande ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle, il répond : « vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ». Le Christ n’est pas tendre avec les riches et les entrepreneurs. Son emportement contre les marchands du temple le montre également.

Néanmoins, rassurait le Pape François, « on peut être commerçant, entrepreneur, et être un disciple du Christ ». Mais cela demande certains efforts. François identifie trois conditions « pour qu’un chef d’entreprise entre dans le Royaume des Cieux ». La première est développée ci-dessus (voir la section sur l’odeur du travail).

La seconde consiste à partager. Le partage est « un autre nom pour la pauvreté évangélique », a expliqué le Pape. « La richesse appelle la responsabilité ». Elle « aide beaucoup dans la vie mais il est vrai aussi qu’elle la complique souvent car elle peut devenir une idole et un maître impitoyable qui vous prend toute votre vie jour après jour, » a-t-il relevé. Il a aussi défendu l’existence dans toute société d’un « pacte fiscal » de redistribution des richesses par l’impôt et les taxes. Ceux-ci ne sont pas « une usurpation », a-t-il insisté, rappelant qu’ils permettent de créer des « biens communs ». L’impôt, a-t-il développé, est aussi une forme de partage des richesses, « pour qu’elles deviennent des biens communs, des biens publics : écoles, santé, droits, soins, sciences, culture, patrimoine ».

Le partage passe aussi par la création d’emplois, a insisté le pape, en particulier pour les jeunes. Il a déploré que la « part de la valeur qui revient au travail » soit aujourd’hui « trop faible » en comparaison des « rentes financières » et des « salaires des hauts dirigeants ».

La troisième consiste à favoriser une « intégration constructive ». Devant ces chefs d’entreprise, François a souligné le rôle clé que jouent les entreprises vis-à-vis de l’immigration en « favorisant une intégration constructive » tout en condamnant l’exploitation dont souffrent de nombreux migrants. « Si le migrant est rejeté ou simplement utilisé comme un travailleur sans droits, c’est une grande injustice et cela nuit également au pays », a-t-il insisté.

Le pape a aussi mis l’accent sur la responsabilité des entreprises vis-à-vis de leurs territoires d’implantation : « Le territoire vit de l’entreprise et l’entreprise puise la lymphe dans les ressources de la proximité, contribuant de manière substantielle au bien-être des lieux où elle est implantée ». Déjà en 2015, il avait abordé cet impact positif des entreprises vis-à-vis des territoires : « L’activité d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets ; surtout si on comprend que la création de postes de travail est une partie incontournable de son service du bien commun »[24].

A l’inverse des critiques qu’il a adressées à « l’entreprise sans âme », François n’était pas avare de compliments et d’admiration pour les chefs d’entreprise qui préservent l’unité quasi familiale de leur entreprise, ceux qu’il appelle dans son homélie du 1er mai 2020, « les bons entrepreneurs – qui font accomplir le travail avec justice, même s’ils y perdent ». Il précise par un témoignage : « Il y a deux mois, j’ai eu un entrepreneur au téléphone, ici, en Italie, qui me demandait de prier pour lui parce qu’il ne voulait licencier personne et il a dit cela : « Parce que licencier l’un d’eux, c’est me licencier ». Cette conscience de tant de bons entrepreneurs, qui protègent les travailleurs comme si c’était leurs enfants ».

Devant les 5.000 patrons réunis au Vatican le 12 septembre 2022 (voir ci-dessus), François a insisté sur la confiance qu’il témoigne aux entrepreneurs : « Je vous encourage à ressentir l’urgence de notre époque, à être les protagonistes de cette ère en mutation. Avec votre créativité et votre innovation, vous pouvez créer un système économique différent, où la protection de l’environnement est un objectif direct et immédiat de votre action économique ». Et il conclut : « Sans nouveaux entrepreneurs, la terre ne résistera pas à l’impact du capitalisme, et nous laisserons aux générations suivantes une planète trop blessée, voire invivable ». Bien que le mot ne soit pas prononcé, on distingue ici la version vaticane de la RSE.

 

6 – L’entreprise comme lieu de diversité, d’équité et d’inclusion

Pour François, les dirigeants chrétiens sont, plus que les autres, appelés à ne pas considérer le travail de leurs collaborateurs sous le seul angle de la ligne « masse salariale » du compte d’exploitation. Sa définition du leadership, exprimée dans un texte d’octobre 2010 est très moderne[25]. Elle ne véhicule pas l’image du héro comme on l’affectionne dans nombre d’entreprises, mais au contraire celle de la modestie, qui doit se donner en exemple : « Le véritable leadership et la source de son autorité sont fortement existentiels. Tout leader, pour parvenir à être un véritable dirigeant, doit d’abord être un témoin. C’est l’exemplarité de la vie personnelle et le témoignage de la cohérence de la vie ».

Tout au long de son pontificat, il a couplé un train de vie modeste à la dénonciation des excès du capitalisme financier. Pour ses déplacements, le pape montait souvent à bord d’une petite Fiat 500 blanche, renonçant à la papamobile – qu’il qualifiait de « boîte à sardines » et à ses vitres blindées. Il a choisi le nom de François, après son élection, en hommage à Saint François d’Assise, car celui-ci a « semé la paix partout et côtoyé les pauvres, les abandonnés, les malades, les marginalisés, les derniers ».

Il a voulu, au cours des douze années de son pontificat, ramener l’Eglise catholique à ce qu’il considérait être les exigences de son message évangélique, rapprocher l’Église du peuple, mettre l’accent sur le rôle de serviteur des prêtres et construire « une Église pauvre pour les pauvres ». Fini le luxe, fini l’apparat, fini les berlines noires, et cela jusqu’à la fin : en novembre 2024, il modifiait le document régissant ses propres funérailles pour souligner qu’il s’agit de « celles d’un pasteur et d’un disciple du Christ et non celles d’un puissant de ce monde ».

A l’inverse, le chef d’entreprise qui ne respecterait pas la dignité du travail humain s’abaisse lui-même : « Toute injustice qui touche une personne qui travaille revient à piétiner la dignité humaine ; même la dignité de celui qui commet l’injustice : le niveau baisse et on finit dans cette tension dictateur-esclave »[26].

Pour François, le chef d’entreprise doit s’assigner l’objectif de créer des emplois dans une optique d’inclusivité, qui permet de prendre en compte les multiples formes du travail et des compétences qu’il requiert. Dans son message adressé le 14 octobre 2021 cité plus haut, il affirme : « Le grand objectif est d’offrir des sources de travail diversifiées qui permettent à chacun de se construire un avenir en travaillant dur et en faisant preuve d’ingéniosité. C’est précisément parce qu’elles sont diversifiées qu’elles permettent à différentes personnes de trouver le contexte le plus approprié pour développer leurs dons, car tout le monde n’a pas les mêmes capacités et les mêmes inclinations ». Aujourd’hui, on parlerait de la recherche d’impacts positifs.

Sur cette voie, a-t-il enfin relevé, « je crois que le dialogue entre les entrepreneurs et les travailleurs est non seulement indispensable mais aussi fructueux et prometteur ». Le dialogue social n’est pas oublié…

Ce dialogue doit s’établir dans une perspective d’associer les femmes et les hommes dans leur diversité. « Dès le début, le pape François a voulu une Eglise catholique inclusive », souligne le théologien Laurent Lemoine, spécialiste d’éthique[27]. Sa conception de l’institution était celle d’un « hôpital de campagne » ouvert et non pas une identité catholique repliée sur elle-même. L’une des phrases historiques de François reste celle qu’il a prononcée, en août 2013, dans l’avion qui le ramenait des JMJ au Brésil. « Qui suis-je pour juger ? » disait-il à propos des gays.

Modernité et changement

Sur la question de l’homosexualité, très clivante au sein des églises chrétiennes, François a manifesté une ouverture. Il a accueilli au Vatican des couples homosexuels. Comme il l’avait déjà fait en Argentine lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, il a redit qu’il était favorable à des législations qui protègent les droits des couples gays, du type union civile ou pacs. Mais à condition que de tels dispositifs ne soient pas assimilés à un mariage.

La question de la place des femmes dans l’Eglise catholique est une autre illustration de cette exigence de diversité, mais aussi de sa politique des petits pas. Là aussi, François a accompli des pas significatifs. Une religieuse française, Nathalie Becquart, a été nommée en mai 2019 à un poste stratégique au Vatican : sous-secrétaire générale du synode des évêques, l’équivalent d’un rang d’évêque (mais sans le titre). Grâce à sa réforme de la Curie romaine, François a levé un autre tabou en confiant à des femmes des postes clés. En 2021, il a également autorisé les femmes à servir de lectrices et d’acolytes, rôles qui étaient jusqu’à présent exclusivement réservés aux hommes.

Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise catholique, une religieuse, l’Italienne Simona Brambilla, a été nommé à la tête d’un dicastère, celui des religieux – un bureau du Vatican qui supervise les ordres religieux pour les hommes et les femmes. Mais malgré ces avancées, le pape n’a pas changé la doctrine, n’a pas permis aux femmes d’être ordonnées prêtres, un sujet très controversé dans l’Église, et a provoqué une certaine déception au sein des milieux féministes catholiques[28].

Il n’a pas pu – ou voulu – réformer l’Église en profondeur. Le respect de la vie, qu’il plaçait au premier rang, s’appliquait de la conception à la mort et représentait donc un moyen, sans le dire ouvertement, de s’opposer à l’avortement et à l’aide à mourir. Lors d’un déplacement en Belgique, le pape François avait qualifié les médecins pratiquant l’IVG de « tueurs à gage » et comparé l’avortement à un homicide.

 

7 – Leaderhip et management : trois encycliques qui composent une « charte managériale de la RSE »

L’audacieuse encyclique « Laudato si » (“loué sois-tu”), publiée en juin 2015 à la veille de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, a été décrite comme un manifeste écologique, sans doute du fait de sa désignation comme visant « l’écologie intégrale ». C’est le petit bout de la lorgnette. Elle était déjà un véritable plaidoyer pour une société à la fois plus humaine et plus écologique, comme en témoigne son sous-titre : « Sur la sauvegarde de la maison commune ». Elle appelle à des « solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux » (LS 139).

Là encore, François a puisé des inspirations chez Jean-Paul II, qui écrivait dans son encyclique Centesimus Annus de 1991, que la nature est un don de Dieu et que les humains doivent coopérer avec Dieu pour promouvoir l’épanouissement bien ordonné de l’environnement (CA 37). Centesimus Annus soulignait aussi le lien entre l’écologie naturelle et « l’écologie humaine » (CA 38).

« Laudato si » associait déjà la justice sociale à l’impératif environnemental, ce que l’on appelle aujourd’hui « la transition écologique juste ». Une organisation humaine, un leadership contemporain doivent articuler la quête des deux objectifs. Dans « Un temps pour changer », son livre paru en 2020, le pape cite d’ailleurs la Théorie du donut (beignet) de l’économiste britannique Kate Raworth, selon laquelle la création de valeur doit rester dans les limites d’un plancher social et d’un plafond environnemental, visualisables grâce à la forme de ce beignet en anneau. Le donut symbolise « l’espace sûr et juste pour l’humanité, dans lequel peut prospérer une économie inclusive et durable », respectueuse des besoins essentiels attachés à chaque personne pour assurer son épanouissement.

« Laudato si » a eu un impact considérable. « C’est une première dans l’histoire de l’institution, une révolution. L’engagement est capital. D’abord dans le monde catholique, qui se met à l’heure de la ‘conversion écologique’, mais aussi auprès des militants environnementaux »[29]. Comme le rappelle Novethic (mai 2025), « à la suite de sa publication, près de 380 institutions catholiques ont décidé de cesser tout investissement dans les énergies fossiles ». Elle est l’un des textes les plus lus de l’histoire. Comme l’observe Dominique Lang, prêtre assomptionniste, « l’engagement envers l’écologie du pape François a été une bénédiction pour les chrétiens sensibles à cette question, ainsi que pour les nouvelles générations qui ont grandi avec lui et ont été éveillées à ces notions-là »[30].

A l’heure où la RSE, le développement durable, l’ESG et la transition écologique sont durement attaqués, il faut relire cette encyclique dans laquelle les mot ‘responsable’ ou ‘responsabilité’ apparaissent 53 fois. Car elle nous rappelle l’essentiel : « Il ne s’agit pas de concilier en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut être considéré comme un progrès » (LS 194). Elle oblige à une réflexion fertile sur le concept de responsabilité (voir : « La responsabilité au cœur de l’entreprise »).

« Laudato si » par le pape François

L’essentiel, c’est aussi de reconnaître que malgré les multiples régressions du monde, il n’y a pas de fatalité et c’est à nous de dessiner l’avenir : « Cependant, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose » (LS 205).

Pour avoir absorbé dans ma vie professionnelle des volumes conséquents de littérature sur la RSE et le développement durable, je peux témoigner du fait que « Laudato si » offre un degré peu commun de réflexion et d’articulation des enjeux.

Dans « Laudato si », François citait le Patriarche Bartholomée, qui affirmait que les atteintes à l’environnement sont des péchés, car « un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu » (LS 8). Quatre ans plus tard, il a repris cette conviction « à son compte ». En recevant des experts en théologie morale le 9 février 2019, il déclare : « Quand j’administre le sacrement de réconciliation (la confession) – et aussi quand je le faisais avant — c’est rare que quelqu’un s’accuse d’avoir fait violence à la nature, à la Terre, à la Création ». « Nous n’avons pas encore conscience de ce type de péché », a regretté le pontife argentin, en évoquant « le cri de la terre, violée et blessée de mille manières par une exploitation égoïste ». Et il conclut : « La dimension écologique est une composante imprescriptible de la responsabilité de chaque personne et de chaque nation »[31].

Cinq ans après « Laudato si », François publiait en octobre 2020 l’encyclique « Fratelli tutti » (tous frères), sur la fraternité humaine et l’amitié sociale. Il s’agit clairement d’une encyclique sociale, qui contient l’amorce d’une « charte managériale ». Le pape y livre une lecture très critique du monde actuel, miné par les individualismes et l’indifférence vis-à-vis des plus faibles. Il y dénonce « les intérêts économiques aveugles » de « l’idéologie néolibérale » et rappelle que « le marché ne résout pas tout à lui seul, même si, une fois encore, on veut nous faire croire à ce dogme libéral ». Pourtant, « on peut aspirer à une planète qui assure terre, toit et travail à tous, » écrit-il. Utopie, vision romantique ? François veut croire que non, même s’il constate amèrement que « l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre » dans une société malade, « tournant le dos à la souffrance ».

En contrepoint, il met l’accent sur un besoin de « fraternité sociale », de « fraternité universelle » entre les hommes. On y retrouve l’exigence de la fraternité, qu’il avait encore rappelée le 27 mars 2020, affirmant que « nous sommes une communauté mondiale naviguant sur le même bateau ». Dans « Fratelli tutti », il insiste sur l’importance du bien commun pour faire société et sur le fait que les plus forts ont pour responsabilité d’aider les plus faibles. On retrouve ici le thème des « premiers de cordée » cher à notre président… mais sans le mépris ni la condescendance.

Et François de préciser : « En période de crise, le choix devient pressant. Il y a deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre ». Cela s’impose aux entreprises.

Dans la même veine, François publiait en octobre 2023 le « Laudate Deum », qui se donnait pour vocation de réveiller les consciences et remettre en cause la suprématie des puissants contre les faibles, des cyniques contre les solidaires et de l’homme contre la nature, qui prévaut aujourd’hui dans ce que les entreprises appellent le management ou le leadership. Jean Jouzel, le célèbre climatologue et ancien expert du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat), dira que ce texte est plus volontariste encore que son prédécesseur de 2015.

Sans jamais (à ma connaissance) prononcer le mot de ‘management’, le pape François a souvent montré l’importance qu’il porte à la qualité du travail. Dans son message aux participants de la deuxième édition de « LaborDì en décembre 2023, il exhorte les jeunes à « réfléchir à l’opposé du sentiment de vide, où le temps semble ne jamais suffire et où les impératifs de productivité deviennent de plus en plus exigeants et écrasants ». Il met en garde contre la course acharnée à la recherche du travail qui crée une « pression constante, un rythme forcé, du stress qui provoque l’anxiété, avec un espace relationnel de plus en plus sacrifié au nom du profit à tout prix ».

Cette perspective du travail finit par « rendre la conscience de la même couleur, celle déshumanisée, où les technologies modernes, comme l’intelligence artificielle et la robotique, menacent de remplacer la présence de l’homme ; cette perspective de plus en plus scandaleuse et inquiétante, de l’insécurité au travail ». Il aborde également la problématique très contemporaine du sens au travail et dans le travail : le travail est « le protagoniste de l’espérance, le moyen de se sentir actif dans le bien en tant que serviteur de la communauté ». Comprenant dans cette perspective le sens du travail, il « redevient un chantier d’espoir, un chantier de rêve ! ».

Quelques mois plus tôt, le 29 août 2023, il remarquait : « Le travail est légitimement important. Car s’il est vrai que le travail ennoblit l’homme, il est encore plus vrai que c’est l’homme qui ennoblit le travail. C’est nous, et non les machines, qui représentons la véritable valeur du travail ».

Sur les trois versants de l’ESG, c’est sans doute sur la gouvernance que le pape François s’est relativement peu exprimé et n’a pas réussi à marquer des évolutions significatives. Pour Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions et spécialiste du catholicisme, « il a essayé de rééquilibrer les pouvoirs, mais paradoxalement, en renforçant celui du pape contre la curie. Et sur les abus, malgré ses appels et son engagement personnel, la situation ne s’est pas vraiment améliorée »[32]. Il n’aura pas réussi à se départir de sa réputation de prélat autoritaire, voire autoritariste.

En matière de gouvernance, il a construit, là encore, une demi-réussite dans sa volonté de voir appliquer les principes de la RSE à la puissance financière que représente le Vatican. Avec la publication de Mensuram bonam (« La bonne mesure ») par l’Académie pontificale des sciences sociales, en novembre 2022, l’Eglise catholique propose son propre guide de l’investisseur responsable. Ce texte, qui se présente comme un guide pratique pour « les investisseurs chrétiens et tous ceux de bonne volonté » a été discuté de 2016 à 2022 par 170 professionnels et propose aux investisseurs des « boussoles » afin de faire les « bons choix d’investissement ».

Les investisseurs directement concernés (congrégations, communautés, établissements catholiques, évêchés…) seraient à la tête d’un pactole de 1.500 à 2.000 milliards d’euros, d’après l’hebdomadaire Challenges[33]. Fruit d’un travail laborieux, ce document a été « jugé par certains trop proche d’une ligne libérale », explique Loup Besmond de Senneville, le correspondant de La Croix, car il repose largement sur la conscience individuelle de chacun.

 

Conclusion (provisoire)

Le pape François nous a procuré une nouvelle raison de croire, comme Malraux, que « le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Il réussissait cet alliage rare entre la réflexion et l’action. Il donnait vie à ce précepte du philosophe Henri Bergson, qui résume si bien l’intention de la RSE : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action ». L’historien Philippe Chenaux écrit : « Le pape François a sans doute écrit moins de théologie que son prédécesseur, mais il s’est montré présent sur tous les fronts, ecclésiaux et politiques comme médiatiques. Il y avait chez lui une certaine mystique de l’action caractéristique de l’Ordre des Jésuites, dont le fondateur, saint Ignace de Loyola, disait : ‘Prie comme si tout dépendait de Dieu, agis comme si tout dépendait de toi’ »[34].

Le successeur de François saura-t-il faire fructifier son héritage, cette volonté indéfectible de renouer avec les sources des Évangiles, en défendant les opprimés, les nécessiteux et les déracinés ? Le prochain pape sera-t-il un poids ou un levier dans la transition écologique juste, dont dépend notre avenir et celui de nos enfants ? L’approche humaniste du travail, née dans les nimbes de la doctrine sociale de l’Eglise en 1891, que François a si bien fait cheminer, sera-t-elle poursuivie ou engloutie dans les convulsions d’un capitalisme tenté par la régression vers ses racines friedmaniennes ?[35]

« Les peuples passent, les trônes s’écroulent, l’Église demeure, » disait Napoléon 1er. En devenant pape le jeudi 8 mai 2025, le cardinal américain Robert Francis Prevost a aussi dû changer de nom et s’appelle désormais Léon XIV. En choisissant ce nom, le 267ème chef de l’Église catholique se place clairement dans la lignée de son prédécesseur, Léon XIII, fondateur de la doctrine sociale de l’Église. Pour François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux, ce choix du souverain pontife est une « marque sociale évidente »[36].

Il se situe aussi comme un continuateur de François, le « pape du Sud », lui qui a passé de très nombreuses années au Pérou, pays marqué par la pauvreté. Dans sa première homélie au lendemain de son élection, Léon XIV parlait du « monde qui nous est confié » en s’adressant aux cardinaux. Il est très proche de François, qui lui a confié en 2023 le poste stratégique de dicaster (l’équivalent d’un ministère) des évêques. Au Vatican, ce ministère est chargé de nommer une grande partie des évêques à travers le monde. « Prévost est en quelque sorte le super DRH de l’épiscopat mondial »[37].

L’historien et spécialiste de sociologie du catholicisme contemporain Denis Pelletier rappelle la longue carrière du nouveau pape : « Prévost a vécu au Pérou ; il connaît bien ce pays et a été proche de Gustavo Gutiérrez, l’un des fondateurs de la théologie de la libération. Il a également été prêtre dans une paroisse pauvre, puis évêque dans un diocèse pauvre (…). Il y a donc chez lui une sensibilité réelle à cette théologie, sans doute différente de celle du pape François, mais bien présente »[38].

Dix ans après ‘Laudato si’, l’engagement écologique de Léon XIV apparaît clairement dans ses prises de parole et actions. Lors d’un séminaire organisé à Rome en novembre 2024 sur les impacts du changement climatique dans les pays du Sud global, Léon XIV, alors cardinal, a estimé qu’il était temps de « passer des mots à l’action », afin de lutter contre la crise climatique. Selon le média Vatican News, le prélat a déclaré que « la domination sur la nature déléguée par Dieu à l’homme ne doit pas être tyrannique car l’homme est un administrateur qui doit rendre compte de son travail dans une relation de réciprocité avec l’environnement. Par conséquent, notre mission est de le traiter comme le fait son créateur ».

Il est bien-sûr encore trop tôt pour l’affirmer, mais ces éléments représentent des ferments prometteurs d’une continuation. Laissons donc la conclusion à François : « La politique et l’entreprise réagissent avec lenteur, loin d’être à la hauteur des défis mondiaux. En ce sens, (…) l’humanité de l’époque post-industrielle sera peut-être considérée comme l’une des plus irresponsables de l’histoire ». Mais il poursuit : « Il faut espérer que l’humanité du début du XXIème siècle pourra rester dans les mémoires pour avoir assumé avec générosité ses graves responsabilités »[39].

Et voici comment il a terminé son message au Medef en août 2023, évoquant l’exigence de la transition écologique et sociale : « Jusqu’à présent, vous avez fait quelque chose, certains d’entre vous ont fait beaucoup : mais ce n’est pas suffisant. Nous sommes dans une période urgente, très urgente : nous devons, vous devez, faire plus : les enfants vous diront merci, et moi avec eux. Je prie pour que votre travail et vos efforts portent des fruits abondants et durables, et je vous adresse mes chaleureuses salutations ».

Ainsi soit-il !

Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises,
fondateur de Management & RSE

 

Pour aller plus loin :

La section sur le discours de François devant les 5.000 patrons au Vatican le 12 septembre 2022 s’appuie notamment sur la synthèse de cette réunion publiée par Mathilde de Robien : « Les trois ‘conditions’ pour qu’un chef d’entreprise aille au Paradis », Aleteia, 19 septembre 2022

Cet article est une version augmentée et réactualisée d’une publication préliminaire de Martin Richer dans Metis : « Ce que le pape François pensait du travail », 28 avril 2025

Consultez dans Metis les autres articles de la série « que pensent-ils du travail » :

« Ce que François Bayrou pense du travail », 9 janvier 2025

« Premiers pas d’une ministre : ce qu’Astrid Panosyan-Bouvet pense du travail », 5 octobre 2024

Consultez la suite de cet article : « Les papes et les racines chrétiennes de la RSE », 15 septembre 2025

 

Crédit image : Le Pape François : Couverture du Figaro du 22 avril 2025

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[1] Encyclique Laudato si, par. 194 (LS 194)

[2] Je remercie Jérôme Courcier, Président d’Ethique & Investissement, d’avoir attiré mon attention sur ce passage.

[3] Doloriste, c’est-à-dire empreinte avant tout de la souffrance et de la douleur.

[4] Saint Paul, IIe Epître aux Thessaloniciens, III , 10 (env. 60)

[5] Ecclésiaste 5:11

[6] Genèse 2, 15.19-20

[7] Homélie du pape François, « Le travail est la vocation de l’homme », vendredi 1er mai 2020

[8] Deuxième édition de « LaborDì : un chantier pour générer du travail », 13 décembre 2023

[9] La Tribune Dimanche, 27 avril 2025

[10] Homélie du pape François, « Le travail est la vocation de l’homme », op. cit

[11] Cité dans Le Journal du Dimanche, 24 septembre 2023

[12] Cité dans « Pour l’extrême droite française, un pape honni », Libération, 22 avril 2025, p. 8

[13] Blandine Chellini-Pont, citée dans « Un pape moins révolutionnaire qu’espéré », Libération, 22 avril 2025, p. 5

[14] Homélie du 1er mai 2020

[15] Message adressé le 14 octobre 2021 à la fondation argentine IDEA et au syndicat des travailleurs de l’économie populaire

[16] Olivier Grenouilleau, « L’invention du travail », éditions du Cerf, 2022, 294 p.

[17] Une encyclique est une lettre publique rédigée par le pape à l’intention des évêques et de l’ensemble des chrétiens, enrichissant l’enseignement de l’Église catholique sur un sujet spécifique, souvent en réaction à l’actualité.

[18] D’après Le Figaro, 2 mai 2025

[19] Voir également « Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel », texte du Vatican de 2018 sur la finance mondiale, signé par la Congrégation pour la doctrine de la foi et le dicastère pour le service du développement intégral

[20] Cité par Julie de la Brosse, « Économie : le pape incite à penser le monde d’après », La Croix, 22 septembre 2022

[21] Cité par Julie de la Brosse, « Économie : le pape incite à penser le monde d’après », op. cit

[22] « Message du pape François aux entrepreneurs de France », Medef, août 2023

[23] Matthieu, 19

[24] Encyclique Laudato si, para. 129

[25] « Nous comme citoyen, nous comme peuple », octobre 2010

[26] Homélie du 1er mai 2020

[27] Cité dans « Un pape moins révolutionnaire qu’espéré », Libération, 22 avril 2025, p. 5

[28] Voir « Un pape moins révolutionnaire qu’espéré », op. cit

[29] « Écologie : ‘Laudato si’, une encyclique majeure », Libération, 22 avril 2025, p. 4

[30] Dominique Lang, cité par Moran Kerinec, « Sur le climat, le pape Léon XIV appelle à « passer des mots à l’action », Reporterre, 9 mai 2025. Il est l’auteur d’un « Petit manuel d’écologie intégrale », Saint-Léger éditions, 2015.

[31] « Pour le pape François, les atteintes à l’environnement doivent être considérées comme un péché », Novethic, 15 février 2019

[32] Cité par Lucas Serdic, « Mort du pape François : « Il avait réussi à rendre l’Église plus humaine… » », La Dépêche, 21 avril 2025

[33] « Responsabilité sociale des entreprises: le Vatican édicte enfin ses normes », Challenges, 5 mars 2023

[34] Philippe Chenaux dans Télérama du 30 avril 2025

[35] En référence au célèbre article de Milton Friedman, « The Social Responsibility of Business Is to Increase Its Profits », New York Times Magazine, september 13, 1970, p. 173–178

[36] François Mabille interrogé par l’AFP, 9 mai 2025

[37] Libération, 9 mai 2025

[38] « Léon XIV, un Américain pour la paix », Radiofrance.fr, 9 mai 2025

[39] ‘Laudato si’ (LS 165)

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  1. Superbe analyse de la parole du pape FRANCOIS ! Je le connaissais comme progressiste, certes , mais ici il est à l’avant garde de tous les spécialistes de la RSE…
    merci Martin
    André COUPET

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