« La liberté implique la responsabilité. C’est pour cela que les hommes la redoutent. » – George Bernard Shaw

La responsabilité au cœur de l’entreprise

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En matière de RH (richesses humaines) comme de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), on est spontanément attentifs à la cohésion et à la solidarité, car la raison d’être de nos professions est de construire du commun, du « travailler ensemble ». C’est pourquoi nous sommes nombreux à être interpellés par ces pancartes brandies par les manifestants qui défilent désormais dans les rues le samedi, proclamant « liberté ».

De quelle liberté s’agit-il ? Une politique RH ne peut se construire et se déployer que selon la conviction qu’une organisation, un corps social, est plus qu’une simple addition des individualités qui la composent. Même si la RH cherche toujours à comprendre la personne derrière chaque individu, même si les fameux « talents » sont constitutifs de l’avenir de l’entreprise, elle a pour mission de dépasser la liberté de chacun pour définir les règles communes. De même, une politique RSE un tant soi peu ambitieuse vise à dépasser l’approche friedmanienne selon laquelle le seul objectif du chef d’entreprise serait de maximiser librement la valeur actionnariale sans trop s’occuper des autres parties prenantes[1]. La RSE ne remet pas en cause la liberté de l’entrepreneur mais l’incite à choisir une approche collective et à prendre des engagements volontaires en tenant compte des aspirations des composantes de son écosystème et des enjeux sociaux et environnementaux, comme le préconise la loi PACTE.

Ces deux approches, RH et RSE, puisent leur légitimité dans un concept inséparable de la liberté, la responsabilité.

Que vaut la liberté sans la responsabilité ?

La liberté n’est pas celle du « renard libre dans le poulailler libre », pour reprendre l’expression de Karl Marx, ni celle des libertariens échevelés. Retournons aux sources, celles de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, un document que les manifestants ne devraient pas renier. Article 4 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

Cette juste appréciation est aussi résumée par l’adage populaire selon lequel la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. Les réfractaires au passe sanitaire ont renversé ce précepte en considérant que la liberté des autres commence là où s’arrête la leur. C’est leur premier contre-sens. Car ce faisant, ils confondent la liberté avec le refus de toute contrainte, fruit du narcissisme social, de la victimisation permanente, de l’infantilisation des réseaux sociaux, de l’individualisme extrême. L’article 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen se poursuit d’ailleurs ainsi : « l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits ».

L’égalité suppose que nous soyons TOUS responsables. Et Jean-Jacques Rousseau soulignait déjà une différence essentielle dans « Du Contrat social » : « Il faut bien distinguer la liberté naturelle, qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale ». En rousseauiste accompli, Emmanuel Macron déclarait lors d’une interview sur la stratégie de vaccination de la France : « Nous sommes en train de réapprendre à devenir une nation. On s’était progressivement habitués à être une société d’hommes libres, nous sommes une nation de citoyens solidaires »[2]. De son côté, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a résumé la situation en juillet 2021 par cette formule : « La vaccination c’est un petit pas pour soi, un grand pas pour l’immunité ».

Plus près de nous, Jean-Paul Sartre a forgé une distinction utile à la compréhension de la dialectique entre liberté et responsabilité : la « liberté d’indépendance » consiste à agir dans l’ignorance volontaire des circonstances, alors que la « liberté de responsabilité » assume toutes les contraintes de la situation. « Pour Sartre, la liberté absolue va de pair avec la responsabilité absolue. C’est parce que l’homme est libre qu’il est responsable. (…) Nos actions et nos choix impactent les autres qui nous entourent, et c’est précisément parce que ces actions sont libres que nous devons répondre de leurs conséquences, » écrit Mélissa Fox-Muraton, docteure en philosophie et chercheuse à l’ESC Clermont. Cette exigence était bien résumée par George Bernard Shaw qui disait : « la liberté implique la responsabilité. C’est pour cela que les hommes la redoutent ».

Pour Hans Jonas, la responsabilité est le fardeau de la liberté humaine livrée à elle-même.

C’est pourquoi la liberté seule, sans la justice et la fraternité (pour reprendre notre devise républicaine) dérive vers le mépris de l’autre et le despotisme. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité, une notion centrale en matière de RSE et de RH, magnifiquement théorisée par le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993) dans son ouvrage « le principe de responsabilité », paru en 1979[3]. Il faudra attendre 10 ans la traduction en français de cet ouvrage majeur, ce qui est un signe… On a surtout retenu sa vigoureuse dénonciation de la folie prométhéenne de l’homme et de l’épuisement de la planète, qui conduisent aux catastrophes improprement dénommées « naturelles », que nous connaissons aujourd’hui. Mais Jonas disait aussi que la responsabilité est le fardeau de la liberté humaine livrée à elle-même. Si l’homme peut choisir de s’enlever la vie, il ne peut pas mettre en péril celle des autres. Le but en soi de l’homme est de protéger la vie. D’où la place centrale de la notion de responsabilité dans la pensée de Jonas.

Jonas a fait des émules. La responsabilité est l’une des valeurs les plus respectées par les Français qui sont 53 % à la trouver très importante et 40 % à la trouver importante. Elle apparaît ainsi au cinquième rang du classement des valeurs par les Français, après le respect, l’honnêteté, la loyauté et l’écoute[4].

A l’inverse, les opposants au vaccin ou au passe sanitaire, en mettant en avant la liberté mais en occultant sa dimension de responsabilité illustrent la tyrannie des minorités (ou la dictature des minorités), « une conceptualisation politique selon laquelle des groupes minoritaires exercent une pression sur la majorité en culpabilisant ceux qui énoncent des avis contraires à leur propre pensée »[5]. Cette posture est contradictoire avec la recherche de la juste mesure, du compromis ou avec l’acceptation des décisions prises à la majorité caractéristiques de la démocratie. Elle oppose à toute forme de contrat social (indispensable à la RSE et à la RH), la sacralisation de l’individu.

Interrogé sur les conséquences de la pandémie, l’anthropologue Philippe Descola (auteur de « Les Formes du visible, 2021) pointe « un sursaut de ce que le politologue canadien Crawford Brough Macpherson appelait « l’individualisme possessif », qui consiste à penser que chacun est propriétaire de son corps, et que l’Etat n’a pas son mot à dire sur ce sujet ». Et il ajoute : « être antivax ou antipass, c’est refuser de soumettre sa liberté individuelle aux nécessités de la santé collective, et écarter le fait qu’on est tous solidaires dans cette affaire – de même qu’il n’y a qu’ensemble qu’on peut se sortir des problèmes du réchauffement climatique »[6].

Refuser de porter le masque, ne pas respecter les gestes barrières, ne pas s’isoler alors qu’on est cas contact, ne pas se vacciner tout en poursuivant des activités sociales alors que le vaccin est disponible et gratuit, sont des choix qui, plus que notre liberté, engagent notre responsabilité envers autrui. « Dans la situation présente, désobéir ne manifeste rien ni de notre liberté, ni de notre courage. Mais, au contraire, sans qu’on en ait nécessairement conscience, cela ne relève que de l’égoïsme et de la lâcheté : nous déléguons aux soignants l’impossible mission de guérir tous ceux que, par légèreté ou par bravade, nous aurons contaminés, » affirmait en mars 2021 la philosophe Claire Marin, interviewée par Le Monde. Au contraire, comme le souligne dans Libération le médecin et écrivain Christian Lehmann, « vous n’êtes pas totalement sans défense devant ce virus. Chacun de nous, en se protégeant, en protégeant les autres, contribue à éviter des contaminations, contribue à en diminuer la gravité, contribue à éviter de submerger le système de santé, à sauver des vies ».

La responsabilité, c’est tout le contraire de la vision individualiste de la liberté. Elle commence par la lucidité face à ses propres actes, à l’image de ce panneau croisé sur une autoroute Nord-Américaine : « Vous n’êtes pas dans un bouchon. Vous êtes le bouchon ». De même, la responsabilité nous incite à reconnaître les impacts que nous faisons subir à l’environnement ou plus précisément à nos parties prenantes afin d’adapter nos comportements individuels et collectifs. Jonas pose un impératif catégorique : « agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre ». La responsabilité reste constitutive de notre être, de nos valeurs ; elle nous définit ; contrairement au pouvoir, elle ne se délègue pas.

Plus on vit dans un monde complexe, plus on est tenté de se défausser de sa responsabilité, de se cacher derrière des règles, la fatalité.

La responsabilité est aussi un état provisoire, un combat permanent dans un monde de plus en plus complexe, régi par des relations de plus en plus denses entre les composantes du vivant — hommes, animaux, virus, nature. « Dans un monde obsédé par la responsabilité, l’irresponsabilité devient finalement un principe d’organisation : ce n’est jamais la faute de personne ». C’est le triste constat auquel parvient le philosophe Yves Michaud dans son essai « Qu’est-ce que le management responsable » : plus on vit dans un monde complexe, plus on est tenté de se défausser de sa responsabilité, de se cacher derrière des règles, la fatalité, de s’abriter sous le parapluie de la compliance[7]. On pourrait ajouter aujourd’hui : de renoncer à exercer sa responsabilité sous prétexte de ne pas maîtriser complètement les effets à long terme du vaccin…

Ainsi, la liberté revendiquée par les réfractaires au passe sanitaire est une liberté travestie, diminuée. Elle est amputée de sa dimension sociale (alors que la liberté n’a de sens qu’au sein d’un collectif) et réduite à la revendication racornie d’un droit individuel. J’appelle cette liberté travestie, cette maladie infantile de l’individualisme, l’absolutisme libertaire.

Manifestation contre le passe sanitaire en Bretagne, été 2021

Le passe sanitaire contre l’absolutisme libertaire

La démarche de la RSE et de la RH consiste à s’adresser aux personnes (et non seulement aux individus…) mais aussi de fédérer leurs attentes et aspirations dans des causes (RSE) et des projets (RH) communs. Cette démarche est orthogonale à celle des réfractaires au passe sanitaire, dont j’observe avec surprise que malgré leur attachement revendiqué à la solidarité, ils mettent en avant la pure et simple autonomie de la personne. « Mon corps m’appartient, » peut-on lire sur les pancartes du samedi. Au même moment, on trouve la même logique aux Etats-Unis, où le slogan historique des féministes, « My body, my choice », est récupéré par les anti-vaccins. Ce n’est là qu’un épisode du gigantesque détournement opéré par les tenants de l’absolutisme libertaire. Les slogans « Free Choice» ou « My body, my choice », emblèmes des luttes féministes américaines sont littéralement retournés et repris par les anti-masques, les anti-vaccins et même les anti-avortement.

Le sociologue Gérald Bronner explique la raison pour laquelle l’opposition se cristallise contre le passe sanitaire alors que les confinements et les couvre-feux ont été imposés sans soulever de mouvement social.

Le passe sanitaire est l’outil qui nous permet d’éviter les confinements et les couvre-feux, qui sont bien davantage privatifs de liberté. Mais les tenants de l’absolutisme libertaire sont trop obsédés par la liberté de l’individu, qui les empêche de discerner les conséquences collectives (ou sociales) de leurs choix. Dans une interview publiée par « Le Journal du Dimanche » (15 août 2021), le sociologue Gérald Bronner explique la raison pour laquelle l’opposition se cristallise contre le passe sanitaire alors que les confinements et les couvre-feux ont été imposés sans soulever de mouvement social. L’explication réside dans la passion égalitariste qui anime tout particulièrement les Français. Le confinement ou le couvre-feu c’est pour tout le monde mais ces Français refusent que des libertés soit accordées à certains si eux-mêmes n’en disposent pas. Pour Gérald Bronner, cette passion égalitariste est en fait un égoïsme[8].

Cet égoïsme est la manifestation d’un renversement de la tyrannie des minorités évoquée plus haut : la neuvième vague de l’enquête du CEVIPOF/IPSOS sur les fractures sociales, publiée en septembre 2021, a permis d’interroger les Français sur l’idée que « les personnes qui refusent de se vacciner imposent aux autres des restrictions de liberté ». Presque les deux-tiers (63%) sont d’accord avec cette idée, qui est très majoritaires dans toutes les familles politiques, à l’exception des sympathisants du PC ou de LFI (51%) et de ceux du RN (50%).

Au contraire, le passe sanitaire est un outil de solidarité. Il incite à se vacciner pour soi, mais aussi pour protéger les autres, les personnes âgées ou immunodéprimées, chez qui le vaccin est moins efficace, les enfants qui ne peuvent être vaccinés. Il est d’ailleurs plébiscité par les Français. Début septembre 2021, un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro révélait l’ampleur de l’acceptation du passe sanitaire par plus des deux tiers de la population (67 %). Dans leur ensemble, les Français demandent une plus grande extension du passe dans le temps et à d’autres secteurs. Pour 57 % d’entre eux, le mouvement de contestation contre le passe n’est pas justifié et 59 % qualifient même ses partisans d’« égoïstes »[9].

« Une société ne tient que quand la liberté de chacun est respectueuse de l’autre » — Emmanuel Macron

Dans son allocution du 25 juillet 2021 en Polynésie, un territoire ravagé par la pandémie alors que seulement un tiers de la population avait reçu une première dose de vaccin, Emmanuel Macron a justement mis l’accent sur ce paradoxe en réagissant aux rassemblements contre le passe sanitaire. « Chacune et chacun est libre de s’exprimer dans le calme, dans le respect de l’autre », a-t-il souligné. Mais « la liberté où je ne dois rien à personne n’existe pas » et celle-ci « repose sur un sens du devoir réciproque ». « Si demain vous contaminez votre père, votre mère ou moi-même, je suis victime de votre liberté alors que vous aviez la possibilité d’avoir quelque chose pour vous protéger et me protéger », a-t-il poursuivi. « Et au nom de votre liberté, vous allez peut-être avoir une forme grave (du virus) et vous allez arriver à cet hôpital. Ce sont tous ces personnels qui vont devoir vous prendre en charge et peut-être renoncer à prendre quelqu’un d’autre (…) Ce n’est pas ça la liberté, ça s’appelle l’irresponsabilité, l’égoïsme ». Et il conclut : « Une société ne tient que quand la liberté de chacun est respectueuse de l’autre ». Le président ne s’est pas arrêté à René Char ; il a lu Hans Jonas.

Les impasses des anti-passe

L’approche racornie de l’absolutisme libertaire conduit à des erreurs historiques fondamentales. Ainsi, les réfractaires au passe sanitaire comparent la France à une dictature, au prétexte qu’elle limite leur liberté. Cette opinion a trouvé un certain écho. Selon un sondage Ifop, une semaine après l’instauration du passe sanitaire, 43 % des Français considéraient que la France devient une dictature. Cette opinion était défendue par 82% des non-vaccinés, par 64% des sympathisants LFI et 68% des sympathisants du RN[10]. La neuvième vague de l’enquête du CEVIPOF/IPSOS sur les fractures sociales a montré que l’opposition entre les proches de LFI et du RN d’un côté et les proches des autres partis de l’autre est particulièrement nette dans deux domaines : les attitudes à l’égard du passe sanitaire et du refus de se faire vacciner[11]. Nous sommes donc face à un enjeu particulièrement clivant pour la société française. Le point commun entre les Gilets jaunes et les anti-passe, réside dans la dénonciation d’une vie empêchée, d’un côté par la pression fiscale, de l’autre par les impératifs de santé publique.

Mais la France s’est-elle transformée en dictature lorsqu’il a été décidé que chacun peut boire autant qu’il souhaite dans l’intimité de son logement, mais que sa liberté de prendre le volant est alors limitée ? C’est le même principe qui autorise chacun à ne pas se vacciner mais interdit alors de fréquenter des lieux qui mettraient les autres en danger de contamination. Denys de Béchillon, professeur de droit public à l’Université de Pau résume parfaitement la démarche du passe sanitaire : « Les personnes vaccinées transmettent très peu, voire quasiment pas. Un citoyen réfractaire à la vaccination présente donc par le fait statistique, un risque accru d’infection et par conséquent menace de contaminer les tiers sur une échelle plus grande. Le pass sanitaire présente une logique, il est requis pour exercer certaines activités non essentielles en milieu dense. Dans un pays qui se revendique libéral, il n’est pas aberrant de mettre chacun en demeure d’exercer sa liberté, c’est-à-dire de choisir : jouir d’une vie sociale normale lorsque l’on a pris soin de protéger autrui, ou subir la restriction de cette même jouissance lorsque l’on refuse de consentir à cet effort »[12].

Ainsi, dans le cas de l’obligation du port de la ceinture de sécurité, on impose une mesure de sécurité à ceux qui prennent le risque alors qu’ils ne le prennent que pour eux. Dans le cas du passe sanitaire comme dans celui de la législation contre le tabagisme dans les lieux publics, on impose une mesure de sécurité pour protéger ceux qui n’ont pas pris le risque. Le terme de dictature est donc particulièrement inapproprié.

La France a déjà su rendre la vaccination obligatoire pour tous, contre la diphtérie en 1938, contre le tétanos en 1940 et contre la poliomyélite en 1964.

La France était-elle une dictature en 1938 ? Sans même parler des obligations vaccinales en vigueur aujourd’hui pour les enfants, on peut rappeler que notre pays a déjà su rendre la vaccination obligatoire pour tous, contre la diphtérie en 1938, contre le tétanos en 1940 et contre la poliomyélite en 1964. En août 2020, l’OMS a annoncé l’éradication totale de la polio en Afrique, une victoire essentielle permise par la vaccination. En 1902, le vaccin contre la variole a été rendu obligatoire en France et cette obligation a été levée en 1984 la maladie ayant été éradiquée. De même, contre la tuberculose avec un vaccin rendu obligatoire en 1950, obligation suspendue en 2007[13].

Sous le titre « La liberté, sinon rien: le nouveau combat du populisme », Monique Dagnaud, Directrice de recherches à l’EHESS voit la montée d’une nouvelle forme de populisme : « dans tous les secteurs de la vie publique et personnelle cette liberté est encadrée par des conceptions morales ou des contraintes de vie collective : de la liberté d’expression à la liberté de circulation, à la liberté d’exercer certaines professions, à la liberté d’entreprendre, à la liberté de choisir les méthodes éducatives pour ses enfants, etc. La liberté sexuelle, elle aussi, comporte des interdits »[14].

Là encore, un paradoxe apparaît : la France est le seul pays au monde dans lequel on peut mettre en cause judiciairement les dirigeants du pays pour leur gestion de la crise de la Covid, ce qui se concrétise par la mise en examen le 10 septembre 2021 d’Agnès Buzyn par la Cour de justice de la République pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais cela n’empêche pas certains de prétendre que nous vivons en dictature et que nous sommes gouvernés par des irresponsables qui ne répondent devant personne…

Une autre erreur à laquelle conduit l’absolutisme libertaire est la référence, scandaleuse à bien des égards, à l’apartheid ou à cette image chargée d’histoire qu’est l’étoile jaune. Interrogé sur les deux catégories de citoyens que créerai le passe sanitaire, voici ce que répond le sociologue Gérald Bronner dans l’hebdomadaire « Elle » du 30 juillet 2021 : « Cette crainte confine à l’obscène lorsque certains évoquent par exemple l’apartheid. Elle ne me paraît pas fondée parce que le passe sanitaire n’essentialise pas les individus, ne crée pas de distinctions entre les personnes sur des critères ethniques, raciaux, etc. Il propose des dispositions qui seront provisoires et les contraintes qu’il impose ne dépendent que de la volonté de chacun d’y être assigné ou non. C’est tout le contraire d’une discrimination identitaire ». En d’autres termes, le passe sanitaire n’est pas constitutif d’une discrimination.

Plus terrible encore est l’étoile jaune exhibée par certains manifestants sur leurs vêtements, en référence au régime nazi, à la collaboration du régime de Vichy et à la déportation. Cette comparaison abjecte a attiré cette remarque qui résume tout, de la part d’Arno Klarsfeld, l’avocat et surtout le fils de Serge et Beate Klarsfeld : « L’étoile jaune vous conduisait à la mort, tandis que le vaccin permet de sauver des vies »[15].

La résistance c’est mettre sa vie en jeu pour la liberté des autres et non pas mettre en jeu la vie des autres pour sa propre liberté.

Les réfractaires au passe sanitaire, qui se qualifient souvent de « résistants », commettent un autre contre-sens : la résistance c’est mettre sa vie en jeu pour la liberté des autres et non pas mettre en jeu la vie des autres pour sa propre liberté. N’est pas « insoumis » qui veut…

Le Figaro du 8 août 2021 se fait l’écho d’une corrélation géographique remarquée par les analystes du ministère de l’Intérieur, qui montre que les départements qui mobilisent le plus lors des manifestations contre le passe sanitaire sont aussi ceux qui présentent le nombre le plus élevé de cas de Covid pour 100.000 habitants. Mais la sacralisation de la liberté individuelle au détriment de la solidarité va plus loin : selon l’enquête de Santé publique France de septembre 2021, les personnes ne souhaitant pas se faire vacciner sont plus nombreuses à affirmer qu’elles ne communiqueront pas le nom de leurs cas contacts si elles étaient positives à la Covid-19 (25% contre 9% pour les personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin). Elles se disent aussi moins promptes à respecter l’isolement, avec ou sans symptômes (10% de moins que les vaccinés). D’où la conclusion de Santé publique France : « Dans un contexte où une majorité des cas sont actuellement des personnes non vaccinées, cela peut représenter un frein à la décroissance de l’épidémie ».

Et la responsabilité des entreprises ?

Le problème de la Covid, c’est qu’elle peut vous transformer en malade (là, vous êtes libre de prendre votre risque) mais surtout en transmetteur de maladie. Il est donc paradoxal que le passe sanitaire protège préférentiellement les lieux de distraction et de loisirs (salles de spectacle, de culture, de sport, restaurants…) et pas mon entreprise. En tant que salarié vacciné (population très majoritaire), je serais protégé dans les espaces que je peux me passer de fréquenter mais pas dans mon entreprise, le lieu que je suis obligé de fréquenter pour gagner ma vie ? Cette contradiction finira par éclater et, à défaut d’une obligation vaccinale généralisée, toutes les entreprises risquent sans doute bientôt d’être confrontées à l’alternative entre passe sanitaire et télétravail.

D’autres pays y sont déjà, alors que la France continue à n’exiger le passe sanitaire que pour certaines fonctions comme les restaurateurs, les spectacles, une partie des transports publics. En Grèce, depuis le 13 septembre 2021, les employés des secteurs public et privé doivent être vaccinés ou à défaut, doivent se faire tester à leurs frais une ou deux fois par semaine en fonction de leur profession.

Le gouvernement italien a suivi en annonçant en septembre 2021, la généralisation de l’obligation sur le lieu de travail du passe sanitaire, qui sera exigé là aussi dans le secteur public et le secteur privé. L’Italie est particulièrement vigilante sur le sujet des lieux de contamination. Elle a été le premier pays européen touché gravement par la pandémie qui a fait plus de 130.000 morts dans le pays et entraîné en 2020 la récession la plus grave depuis l’après-guerre. À partir du 15 octobre, le “green pass”, nom donné en Italie au passe sanitaire, sera donc exigé sur tous les lieux de travail, et s’appliquera ainsi à 23 millions de travailleurs. Le dispositif n’exclut donc que les retraités, les femmes et hommes au foyer et les chômeurs, selon des médias italiens. « Nous le faisons pour deux raisons essentielles : rendre ces lieux plus sûrs et rendre encore plus forte notre campagne de vaccination », a déclaré à la presse le ministre de la Santé Roberto Speranza. Cette décision n’est pas vécue comme un oukase gouvernemental comme c’est souvent évoqué en France. Au contraire, elle est le fruit de longues discussions entre le gouvernement, les partis politiques composant la large coalition au pouvoir et les partenaires sociaux (syndicats et patronat). Cette obligation n’est pas prise à la légère : l’absence de passe sanitaire sera sévèrement sanctionnée, sans toutefois aller jusqu’au licenciement. Une amende de 400 à 1.000 euros pourra être infligée, et elle sera encore plus élevée en cas de contrefaçon. Au bout de cinq jours d’absence non justifiée due à l’absence de passe, « la relation de travail sera suspendue de même que le salaire ».

A Singapour l’obligation du passe sanitaire sur tous les lieux de travail est à l’étude. Selon l’enquête menée en septembre 2021, 82 % des salariés et des employeurs se prononcent en faveur d’une vaccination obligatoire pour tous au travail. Et 54 % des salariés sondés estiment que ceux qui refusent la vaccination devraient être licenciés (contre 39 % qui considèrent qu’une telle sanction irait trop loin)[16].

Les Etats-Unis ont également franchi le pas. En septembre 2021, alors que la pandémie avait déjà fait 650.000 morts dans le pays, Joe Biden a annoncé la vaccination obligatoire pour les fonctionnaires et pour les salariés des entreprises privées de plus de 100 employés sous peine de licenciement. Cela représente 100 millions de personnes, soit les deux tiers de la main d’œuvre du pays. « Nous avons tous dû payer votre refus, » a-t-il dénoncé, en direction des 80 millions d’Américains encore non vaccinés, soit 25% de la population. Au pays des libertés individuelles, cette annonce a suscité un tollé chez les républicains. « Ça ressemble fort à une dictature, » ont réagi les républicains de la Chambre des représentants, alors même que le président des Etats-Unis prononçait encore son discours. « Aux dernières nouvelles, nous vivons dans un pays libre, » s’est insurgé l’ex-président Donald Trump, dans un courriel. Point intéressant, que seul l’hebdomadaire Challenges a relevé : le lobby Business Roundtable, qui représente les plus grandes entreprises américaines, a immédiatement « salué » la politique de Joe Biden face au virus[17].

Comme l’a fait remarquer Claire Hédon, la défenseure des droits, la carte des plus faibles taux de vaccination recoupait celle de la pauvreté, de la fracture numérique et de l’accès au service public.

Mais en France, rien ne se passe ( ! ). En septembre 2021, le passe s’est imposé à 1,8 million de salariés en contact avec du public dans les restaurants, cinémas, musées ou encore les trains grandes lignes, et cela sans grandes difficultés. Depuis le mois de novembre 2020, Santé publique France sonde régulièrement un ensemble d’adultes représentatif de la population française pour comprendre leur rapport au vaccin. Son enquête réalisée entre le 31 août et le 7 septembre 2021 montre que 20% des Français éligibles ont décidé de se faire vacciner dans la période de 2 mois qui a suivi l’annonce de l’élargissement du passe sanitaire par Emmanuel Macron (juillet-août) et que 22% des Français sondés (un peu plus d’un sur cinq) affirment s’être fait vacciner ou avoir choisi de l’être à la suite de la généralisation du passe sanitaire. Ne rien faire n’était pas une option car comme l’a fait remarquer Claire Hédon, la défenseure des droits, la carte des plus faibles taux de vaccination recoupait celle de la pauvreté, de la fracture numérique et de l’accès au service public[18]. Elle recoupait également les sources d’information sollicitées, ce qui relativise beaucoup la notion de consentement éclairé : une enquête du Washington Post publiée le 29 juillet 2021 nous apprenait que chez les 16% d’Américains qui déclaraient s’informer uniquement sur la Covid via Facebook, le taux de vaccination n’atteignait que 47%, moins que chez ceux ne s’informant que sur Fox News (59%) mais surtout 21 points de moins que la moyenne nationale de l’époque (68%).

Mais si le passe sanitaire est majoritairement accepté par les Français interrogés, 40% y sont défavorables et leur principal argument est la restriction des libertés individuelles. On a vu plus haut ce que vaut cet argument. Mais depuis le début de la crise sanitaire, la politique du gouvernement est trop fortement influencée par les anti-vaccins. Cela a coûté un démarrage très poussif de la campagne vaccinale en France (« la vaccination à la française, c’est chaque dose en son temps », disait-on à l’époque avant de connaître un rattrapage salutaire), des dommages irrémédiables causés au vaccin d’AstraZeneca qui ne les méritait pas, et aujourd’hui un immobilisme vis-à-vis de l’élargissement nécessaire du passe sanitaire. A l’inverse, la politique du gouvernement est trop timorée vis-à-vis des démarches proactives ciblées (le fameux « aller vers »), si bien que contrairement à la plupart des pays comparables, nous avons encore un grand nombre de personnes vulnérables non vaccinées (ex : 15% de plus de 80 ans en septembre 2021).

Mais on continue à laisser les salariés s’entasser dans les transports publics puis dans la promiscuité des open-spaces en se réfugiant derrière la digue bien fragile des « gestes barrières ». Pourtant, en France, le chef d’entreprise est responsable de la santé des salariés, au sens où la réglementation du code du travail l’entend dans l’article L4121 : responsable en termes d’obligation de résultats (et pas seulement d’obligation de moyens), concernant la santé physique et mentale. Cette responsabilité est (à juste titre) très forte. Ceux qui, périodiquement, se réfugient dans des combats d’arrière-garde en la contestant pour des motifs de compétitivité oublient qu’elle concerne aussi nos principaux partenaires commerciaux puisqu’elle résulte du droit européen, en l’occurrence la directive-cadre européenne du 12 juin 1989 sur l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs sur le lieu de travail.

Cette directive, âprement négociée, a joué un rôle décisif dans l’accroissement du champ de responsabilité de l’employeur en posant une « obligation de résultat » de l’employeur en termes de sécurité et de santé au travail. Elle pose neufs principes de prévention, qui seront transposés en droit français dans la loi du 31 décembre 1991 : ces neufs principes portent principalement sur l’évitement du risque, son évaluation, le combat de ces risques à la source, l’adaptation du travail à l’homme, la planification de la prévention et la mise en place de protections collectives. Lorsque vous relisez ces principes fondamentaux vous êtes conduits à préconiser la mise en place immédiate du passe sanitaire dans votre entreprise, et ce « quoi qu’il en coûte ». Car face aux menaces de la Covid, c’est la seule mesure de prévention primaire immédiatement efficace (en dehors du télétravail).

Le passe sanitaire permet de contenir l’épidémie sans stopper l’économie. C’est ce que conclut l’équipe de modélisation de l’Institut Pasteur, dans son étude publiée début septembre 2021. « Les personnes non vaccinées contribuent de façon disproportionnée à la transmission. Des mesures de contrôle ciblant cette population pourraient maximiser le contrôle de l’épidémie tout en minimisant l’impact sociétal par rapport à des mesures non ciblées », écrivent les auteurs. En clair, il est plus efficace – et moins lourd pour l’économie – de réduire les contacts des non vaccinés plutôt que des vaccinés.

Et pourtant, en l’état actuel de notre droit, ce levier ne peut être actionné. Maître Christophe Noël, avocat spécialisé en droit du travail, rappelle que les employeurs n’ont pas le droit de faire des distinctions entre vaccinés et non-vaccinés. Tant que la vaccination n’est pas obligatoire, elle relève du secret médical et les employeurs ne peuvent pas faire de pressions en faveur de la vaccination ou établir des listes de vaccinés et non-vaccinés[19].

L’Etat continue à exiger des entreprises l’obligation de résultats en santé au travail tout en les privant de la mesure la plus efficace.

Et pourtant, notre vaillant ministère du Travail s’est prononcé contre cette mesure, plaçant l’Etat dans une position impraticable : continuer à exiger des entreprises cette obligation de résultats, tout en les privant de la mesure la plus efficace. Après avoir ralenti sur l’extension du télétravail (voir mon rapport pour Terra Nova sur le sujet[20]), il s’oppose maintenant à l’élargissement du passe sanitaire. Ce faisant, il contribue avec une belle constance à ramer à contre-courant de sa mission : protéger la santé et la sécurité des salariés avec les méthodes les plus efficaces face à la Covid-19. De son côté, Emmanuel Macron a évoqué le 16 septembre 2021 (alors que le pays connaissait encore quelque 10.000 contaminations par jour), une levée prochaine du passe sanitaire dans les territoires où le virus circule le moins, alors que son extension aux plus jeune devait intervenir dans les semaines suivantes[21] et que face à l’éloignement d’une désormais chimérique « immunité collective », il est l’outil de protection le plus efficace avec le télétravail. Cette annonce est donc clairement prématurée. Bien sûr, le passe sanitaire a vocation à être provisoire, mais il doit être maintenu (et élargi aux entreprises) tant que la pandémie n’est pas durablement maîtrisée, ce qui est le cas aujourd’hui.

Conclusion (provisoire)

La découverte de plusieurs vaccins est une prouesse technique dont nous n’avons pas tous pris la mesure. Rappelons que début octobre 2020, Emmanuel Macron déclarait encore que « les gens qui peuvent vous dire ‘on aura un vaccin au mois de mars ou d’avril’ vous trompent ». C’était tout juste deux mois avant l’arrivée des deux premiers vaccins ! Il a fallu 9 ans pour développer un vaccin contre la rougeole et 20 ans contre la polio. Mais en novembre 2020, le premier vaccin contre le coronavirus était annoncé, tout juste un an après le début de l’épidémie[22]. Le passe sanitaire a fait beaucoup pour triompher de la défiance vaccinale, particulièrement forte en France – selon un sondage publié fin 2020, 59% des Français n’avaient pas l’intention de se faire vacciner lorsque cela deviendrait possible[23]. Selon une étude d’Eurofound réalisée en février-mars 2021, seules la Lituanie, la Bulgarie ou la Croatie montraient une hésitation vaccinale aussi prononcée qu’en France[24]. Alors que la population française refusait la vaccination a 60% selon une enquête de Santé publique France de décembre 2020, ils sont 74 % à y avoir consenti en septembre 2021, et même 86 % de la population éligible, soit les français de plus de 12 ans[25].

Entre ces deux dates, le principe de responsabilité a fait son œuvre. Interrogé par l’Institut de l’Entreprise sur ce qu’il retient des effet de la crise sanitaire, voici ce que répond Pierre-Michel Menger, titulaire de la chaire Sociologie du travail créateur et professeur au Collège de France : « je pense à l’apprentissage à marche rapide de cette ressource normalement silencieuse et aujourd’hui rendue visiblement vitale qu’est la responsabilité, à tous les niveaux, du niveau le plus individuel (nous apprenons que nos gestes sont des barrières ou des dangers) au niveau le plus collectif »[26].

Il est temps que la responsabilité entre aussi dans les politiques publiques de lutte contre la pandémie au travail. Laissons la conclusion à Antoine de Saint Exupéry dans Terre des Hommes : « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde ».

Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises,
Management & RSE

 

Pour aller plus loin :

Consultez cet article : « Les enjeux du retour au travail : 4 points d’attention »

Cet article est une version augmentée d’une chronique de Martin Richer publiée par l’hebdomadaire Entreprise & Carrières dans son n° 1539. Pour lire cette chronique en format PDF, cliquez ici : « Liberté sans responsabilité n’est que ruine des RH »

Explorez les dernières chroniques de Martin Richer dans Entreprise & Carrières

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Crédit image : « Ma Sœur » par Donna Maria Kelly, huile sur toile,  2020

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[1] Voir Milton Friedman, « The Social Responsibility of Business is to Increase Profits », New-York Times Magazine, September 13th, 1970

[2] Interview du 14 octobre 2020

[3] Hans Jonas, « Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique » (édition française : Flammarion, 1990)

[4] « Le Cœur des Français », enquête de l’institut Harris Interactive pour l’hebdomadaire Challenges, publiée dans son No du 2 septembre 2021

[5] Selon Wikipédia. Mais déjà, Alexis de Tocqueville théorisait la « tyrannie de la majorité » dans « De la démocratie en Amérique », 1835-1840

[6] Philippe Descola : « Le XXIe siècle va reconfigurer les rapports entre humains et non-humains », Libération, 2 septembre 2021

[7] Yves Michaud, « Qu’est-ce que le management responsable », Eyrolles, 2013

[8] Gérald Bronner est l’auteur notamment de : « Apocalypse cognitive » PUF, 2021 ; « Déchéance de rationalité », Grasset, mars 2019 ; « La démocratie des crédules », PUF, 2013

[9] « 67 % des Français approuvent le passe sanitaire », Le Figaro, 2 septembre 2021

[10] Le Journal du Dimanche, 15 août 2021

[11] Voir une excellente synthèse par Elie Cohen et Gérard Grunberg, « La fracture gauche-droite tend à se réduire dans la société française », Telos, 15 septembre 2021

[12] Tribune de Denys de Béchillon dans l’Express du 12 août 2021

[13] Voir Le Journal du Dimanche, 11 juillet 2021

[14] Dans la revue en ligne « Telos », le 8/9/21

[15] Interview sur franceinfo le 19 juillet 2021

[16] Enquête menée par le site de recherche d’emploi Indeed auprès de 1.000 salariés et 251 employeurs dans le secteur de la technologie, de la banque et de l’industrie

[17] « Les républicains vent debout contre la vaccination obligatoire décrétée par Biden », Challenges, 10 septembre 2021

[18] Dans La Croix, 6 août 2021

[19] Le Journal du Dimanche, 11 juillet 2021

[20] « Déconfiner le travail à distance », Note Terra Nova, 19 novembre 2020

[21] L’âge d’entrée des adolescents dans le passe sanitaire est ajusté à 12 ans et 2 mois à partir du 30 septembre 2021.

[22] Libération, 14 novembre 2020

[23] Sondage publié par Le Journal du Dimanche du 29 novembre 2020

[24] Eurofound, July 2021 – according to Eurofound’s large-scale Living, working and COVID-19 online survey

[25] Libération, 16 septembre 2021

[26] « Que nous révèle cette crise sur notre société ? », 26 mai 2020

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