C’était le thème de mon intervention à l’événement du Medef, désormais appelé LaREF (Rencontre des Entrepreneurs de France), sous forme d’une interview par Thierry Keller, cofondateur du magazine de prospective Usbek & Rica. L’événement avait pour thème général « Le pouvoir jeune : entre contestation(s) et impact ». Ce titre est justifié car le Medef, et c’est tout à son honneur, a pris le risque de faire intervenir et dialoguer des voix plurielles.
D’entrée de jeu, Thierry Keller proposait une réponse possible à la question de cet idéal de société : « Et si c’était le capitalisme décarboné ? »
Ma réponse est dans cette vidéo sur le site de LaREF
Pour faire court :
· Le capitalisme est plastique ; il a su s’adapter à de nombreuses reprises mais il peut générer des effets indésirables.
· Les jeunes aspirent à vivre dans un monde qui leur permet de s’épanouir. Or, le capitalisme tel qu’il fonctionne aujourd’hui nous emmène dans le mur : il faudrait 1,7 planète pour renouveler les ressources que nous consommons chaque année mais « il n’y a pas de planète B ». Le développement durable consiste justement à léguer aux générations futures un monde vivable et désirable. Dans les conditions actuelles, capitalisme et développement durable ne sont donc pas convergents.
· Certes la capitalisme (et l’économie de marché, qui en est un constituant essentiel) apporte des innovations qui donnent l’espoir d’une décorrélation entre croissance économique et consommation des ressources. Mais les chiffres montrent que cette décorrélation est loin d’être suffisamment robuste pour espérer parvenir à respecter les Accords de Paris sans changer fondamentalement les modes de vie (individus) et les modèles d’affaires (entreprises).
· Les gestes individuels ne suffiront pas non plus : même si nous étions tous des super-héros des éco-gestes, nous ne ferions qu’un tiers du chemin.
· L’intervention de l’ensemble des acteurs est donc indispensable : les citoyens, certes, mais aussi l’Etat, les collectivités territoriales et surtout les entreprises, qui font partie du problème mais sont aussi en mesure d’apporter des solutions.
· De ce point de vue, les enquêtes (notamment celle de l’IFA, Institut français des administrateurs) montrent que les dirigeants ont pris conscience de façon aigue du problème mais ne passent pas à l’acte de façon suffisamment déterminée (voir : « Nos dirigeants sont-ils climato-sceptiques sans le savoir ? »).
· Il est donc malheureusement impossible d’affirmer que le « capitalisme décarboné » est la solution : il faudrait une accélération puissante dans la décarbonation et une bifurcation résolue dans les modèles d’affaires.
Pour les détails, visionnez la vidéo ci-dessus.
Ma conclusion (inaudible car j’avais lâché le micro !) :
Les jeunes sont des seniors en devenir.
Les seniors sont des jeunes en évolution !
En d’autres termes : chères entreprises, ne faîtes pas des politiques RH qui tronçonnent les âges. Faites des politiques qui rassemblent les générations…
Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises,
Management & RSE
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Lisez mon article dans Metis, qui déconstruit quelques idées reçues sur les jeunes : « Les jeunes, le travail et l’entreprise : pulvérisons quelques idées reçues »
Crédit image : Trois jeunes au volant, Ohio, 1924. Certes, ils émettent des tombereaux de gaz à effet de serre mais ils illustrent si bien un « idéal de société » porté par les jeunes : la vitesse et l’impatience. Je n’ai pas retrouvé l’auteur de cette photo. Merci à ceux qui pourraient me transmettre l’information… Cette photo est sans doute posée car les dispositifs photographiques de l’époque n’auraient pas permis une telle netteté pour une voiture en mouvement.