CAS D’ENTREPRISE
« Construire du bien-être et des liens durables » : Covivio vient d’annoncer sa raison d’être le 4 décembre 2019, à la suite d’un projet initié mi-avril 2019 (peu avant la promulgation de la loi PACTE). Management & RSE a accompagné les dirigeants de Covivio depuis l’origine du projet.
Pour avoir participé à de nombreux projets aux côtés d’entreprises engagées dans la formulation et le déploiement de leur raison d’être avec mon partenaire Des Enjeux et des Hommes, je considère que ce projet a permis de mettre en évidence plusieurs bonnes pratiques (voir : « Formuler et déployer sa raison d’être »).
En premier lieu, la réussite de cette mission tient au fait que les dirigeants de Covivio ont immédiatement compris le caractère holistique de la raison d’être, qui nécessite de synthétiser la vision stratégique (vocation, mission), la vision RH (marque employeur), celle de la RSE (impacts et externalités), celle du marketing (plateforme de marque), pour modeler une vision à 360 degrés.
Ensuite, l’intérêt et la singularité de la démarche de Covivo tiennent à trois facteurs conjugués, qui en constituent aussi les facteurs clés de succès.
1 – Un cadre stratégique de long terme
Connue jusqu’en 2018 sous le nom de « Foncière des Régions », Covivio est une entreprise fortement internationalisée (60% de son patrimoine se situe hors de France), en pleine croissance et en transformation, cotée sur Euronext. Acteur immobilier de référence, elle déploie une logique d’opérateur, à la fois investisseur, développeur, gestionnaire et créateur de services, et offre à ses clients une expérience renouvelée dans le bureau, le résidentiel et l’hôtellerie. Elle emploie 850 collaborateurs en Europe et détient plus de 23 Md€ de patrimoine.
Sa démarche, à l’opposé de l’approche purement « communication », qui caractérise beaucoup d’annonces récentes de Raisons d’être ou de Sociétés à mission, vise à donner un cadre stratégique de long terme à son activité. Dans le droit fil du rapport remis au gouvernement par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard sur « L’entreprise, objet d’intérêt collectif » (mars 2018), la raison d’être est comprise comme un outil de gouvernance et de management (et non pas, comme souvent, un seul de ces deux éléments)[1]. Sa définition repose sur un dialogue riche et structuré entre la gouvernance (Conseil d’administration), l’exécutif (Comex) et les parties prenantes.
« L’intérêt de travailler sur la Raison d’être de Covivio a très rapidement fait consensus au sein du Conseil.
Se doter d’une Raison d’être, c’est en effet l’assurance de pouvoir lutter en toutes circonstances
contre la pire des tentations pour une société immobilière cotée : le court-termisme.
Notre métier demande du recul et une vision long terme. Il exige aussi du sens et de la cohérence.
La Raison d’être de Covivio, c’est tout cela : un cap immuable
qui doit guider toutes nos décisions, toutes nos actions ».
Christian Delaire, Administrateur de Covivio
2 – Une démarche réellement participative
Covivio a mis en œuvre une démarche réellement participative, en sollicitant ses collaborateurs (et au-delà, ses parties prenantes internes), qui ont travaillé en atelier pour construire les constituants de sa raison d’être. Management & RSE a déployé sa méthodologie articulée notamment autour de l’animation de 5 ateliers réunissant les dirigeants d’une part mais aussi des salariés sollicités pour définir ce qui selon eux constitue l’essence de leur entreprise, l’empreinte qu’elle souhaite laisser sur le monde.
Plusieurs de ces ateliers ont été conduits en anglais et réunissaient des collaborateurs des filiales européennes. De même, les différentes hypothèses de raisons d’être ont été présentées à des parties prenantes externes (clients, partenaires, investisseurs) pour recueillir leurs avis.
3 – La contribution vis-à-vis des parties prenantes
Enfin, la démarche de Covivio n’esquive pas la question de sa contribution vis-à-vis de ses parties prenantes. Le manifeste qui accompagne la raison d’être et lui procure sa substance, décline le sens et l’ambition de cette dernière vis-à-vis de chacune des parties prenantes. La raison d’être de Covivio est étayée par des engagements précis et jalonnés dans le temps, qui lui confèrent une attractivité forte en termes d’inspiration et de crédibilité. En cela, elle présente l’exemple d’une entreprise qui, en exprimant sa raison d’être, se dote d’une boussole pour structurer son développement futur.
« Pour Covivio, définir sa raison d’être ne se résume pas à un exercice de communication ou de mise en mots, » explique Tugdual Millet, Directeur financier de Covivio, qui a porté le projet en interne. « C’est une démarche stratégique, que nous avons conduite en associant étroitement nos parties prenantes. Notre raison d’être inscrit nos activités dans le temps long, elle constitue la passerelle entre les racines historiques de notre projet entrepreneurial et le futur que nous voulons construire avec notre écosystème ; elle est la colonne vertébrale de notre développement pour les années qui s’ouvrent« .
Vous trouverez le communiqué de presse de Covivio qui présente sa raison d’être
et le manifeste qui l’accompagne
en cliquant ici ou sur le site de Covivio.
Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises,
Management & RSE
Pour aller plus loin :
Le webinaire de l’IFA consacré au projet Raison d’être de Covivio : « Raison d’être et société à mission : le rôle des administrateurs »
« La raison d’être : un objet managérial disruptif »
« Loi PACTE : le couronnement de la RSE ? »
Crédit image : Une étonnante reproduction d’un intérieur à l’extérieur, Amsterdam. Pourquoi cette image ? D’une certaine façon, exprimer sa raison d’être consiste à rendre visible à l’extérieur, l’essence de l’entreprise, une énergie et une vision déjà palpables à l’intérieur…
[1] Voir : « Ré-encastrer l’Entreprise dans la Cité : une analyse du rapport Notat-Senard »