La qualité de vie au travail (QVT) apparaît de plus en plus comme le déploiement au sein de la relation de travail des principes de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), soucieuse de l’impact des activités sur le travailleur et son écosystème, c’est-à-dire de la soutenabilité du travail. La notion de QVT rappelle en effet la nécessité de préserver la santé du collaborateur, partie prenante essentielle de l’entreprise, mais aussi son implication et son développement. Elle incite à renforcer les collectifs de travail dans l’objectif d’en faire des environnements capacitants au sens d’Amartya Sen et Martha Nussbaum (2012), c’est-à-dire des lieux propices au développement du pouvoir d’agir des individus.
Ceci a tout à voir avec une question de management et rien à voir avec la mode actuelle du « bonheur au travail ». Je n’attends pas que l’entreprise fasse le bonheur autour d’elle mais qu’elle traite ses salariés et ses parties prenantes avec respect. Le sociologue Jean Viard a montré que le travail ne représente plus que 20% de notre temps éveillé à l’échelle d’une vie. Il nous faudra trouver le bonheur ailleurs, et c’est une bonne nouvelle ! Quant à la QVT, elle reste à construire dans nombre d’entreprises…
Je vous invite à un parcours au sein de quelques articles de Management & RSE qui abordent la QVT par différentes facettes.
Le baromètre des enjeux RSE 2016, réalisé par Malakoff-Médéric et l’Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) a mis en évidence la forte convergence entre RSE et QVT : 69 % des entreprises mentionnent l’existence de dispositifs en faveur de la santé, sécurité au travail et QVT dans leur politique RSE. Et pour 66 % des entreprises interrogées, les dirigeants estiment que les actions en faveur de la santé et sécurité au travail améliorent les performances économiques de leur entreprise. Avec la montée de la problématique de marque-employeur, la QVT devient une approche de différenciation sur le marché de l’emploi, stimulée par la volonté de déployer des politiques RSE appropriées par les salariés. Ainsi, la QVT contribue à la fois à la performance sociale et économique. Elle est un pas vers la notion de performance globale – économique, sociale, environnementale – qui constitue la colonne vertébrale des politiques RSE.
La QVT, c’est d’abord un accord national interprofessionnel (ANI), signé le 19 juin 2013, qui a posé les concepts, les principes et les méthodes. Dans cet accord, les partenaires sociaux indiquent que « la qualité de vie au travail est un des éléments constitutifs d’une responsabilité sociale d’entreprise assumée ». Peut-être trop original, trop innovant, cet accord a manqué d’un soutien affirmé de la part des organisations syndicales et patronales. Mais il a inspiré nombre de démarches d’entreprises.
Il propose des pistes de réflexion et d’action qui tranchent avec les us et coutumes de la négociation sociale et osent l’expérimentation et une approche systémique de l’homme au travail.
« Qualité de vie au travail : un levier de transformation sociale »
Les DRH qui cherchent à « reprendre la main et remettre de l’humain » peuvent se saisir de la QVT comme levier pour refaire de l’entreprise un lieu de solidarité et de projet collectif.
La QVT et la santé dépendent beaucoup de la qualité des dynamiques participatives autour du travail. L’ANI QVT (19 juin 2013) préconise ainsi de mettre en place des démarches facilitant l’expression des salariés. Un aspect essentiel de la QVT est la possibilité donnée à chacun de s’exprimer et d’agir sur son travail. Mais cette démarche ne va pas de soi.
« L’expression des salariés au travail : 7 bonnes pratiques pour réussir »
Les solutions aux problèmes rencontrés ne peuvent, en effet, s’élaborer que dans un effort commun, par le partage de l’information, par un dialogue permanent pour confronter les objectifs stratégiques avec les réalités opérationnelles.
Cette capacité à comprendre le travail et à écouter ceux qui s’y confrontent, à tous les niveaux de la hiérarchie, nécessite un renversement de logique. Il faut se départir des injonctions à l’engagement, Graal des politiques RH d’aujourd’hui, qui conduit à un contrat social déséquilibré et à un sur-investissement unilatéral, pour passer à une approche d’« empowerment », c’est-à-dire de pouvoir d’agir et d’intelligence collective.
« Le grand renversement : de l’engagement à l’intelligence collective »
Pour déployer la QVT, les entreprises doivent s’appuyer sur les managers de proximité dont le rôle peut être redéfini à cette occasion.
« Démarches QVT : la nécessaire refondation du rôle du manager de proximité »
Elles doivent également chercher à renforcer le travail collectif, la coopération.
« Qualité de vie au travail et collectifs ‘heureux’ : le rôle du manager »
Mais force est de reconnaître que travailler ensemble ne va pas de soi. Nos organisations sont enferrées dans une crise de la coopération. Nous devons d’abord en comprendre les mécanismes pour pouvoir ensuite lever les verrous.
« Travailler ensemble : pour une intelligence de la coopération »
Une ressource essentielle à solliciter est l’autonomie au travail.
« L’autonomie, pierre angulaire de la qualité de vie au travail »
L’objectif est d’installer au sein des équipes opérationnelles et fonctionnelles un climat favorable à la fois à l’innovation, à l’efficacité du travail et à la santé des collaborateurs, ce que Google appelle, à la suite de 20 années de recherches menées sur le management, « la sécurité relationnelle ».
« Managers, construisez votre dream team : l’expérience de Google »
Ces axes de progrès permettent de libérer le travail – plutôt que de prétendre libérer l’entreprise – afin de faire de la QVT un véritable levier de compétitivité.
« La qualité de vie au travail : un levier de compétitivité »
Pour aller plus loin:
Découvrez les 12 sites incontournables sur la QVT selon Les Ateliers Durables
Crédit image : Charles Spencelayh (peintre anglais, 1865 – 1958), « Le temps entre ses mains »
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