Les multiples facettes du risque social

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Le mensuel Liaisons Sociales a publié un excellent dossier sur le risque social élaboré par Muriel Jaouën. Dans l’article qui ouvre ce dossier, « Les multiples facettes du risque social », Martin Richer donne son analyse des profondes transformations que connaît cette notion.

Extraits :

Au-delà du risque perçu, le « vrai » risque social serait donc en train de changer de visage. « Longtemps, on a parlé de risques humains. L’arrêt FNAC en décembre 2012 avait ainsi établi que les entreprises de grande taille devaient se pencher en amont sur les impacts éventuels des réorganisations et sur les actions à mener pour pallier les risques humains », rappelle Martin Richer, consultant, fondateur de Management & RSE, coordinateur du pôle entreprise, travail & emploi de Terra Nova. À mesure qu’il se « déconflictualise », le risque social devient plus diffus, souterrain, invisible, mais aussi plus protéiforme et individuel. (…) Mais d’autres risques émergent. « Personne ne sait encore mesurer le manque ou la perte de talents, qui est pourtant en passe de devenir le risque numéro un », note Martin Richer. De même, à l’heure où les nouvelles pratiques d’emploi favorisent la mobilité et banalisent le turnover, les RH minorent encore l’impact du départ d’un homme clé sur le fonctionnement de toute une structure. (…)

Mais ce qui caractérise sans doute le plus nettement l’évolution du risque social, c’est sa résonance à l’extérieur des entreprises. Celles-ci sont tenues de publier leurs données et de rendre compte de leurs actions ; elles sont également de plus en plus évaluées par des organismes divers comme les ONG ou les agences de notation et sont soumises au jugement des médias et de l’opinion. Le risque de réputation devient un risque social majeur. Et d’autres risques apparaîtront demain, liés par exemple à l’automatisation des modes de production, au développement des outils numériques et à leurs effets sur les organisations du travail. (…)

Jusqu’où pousser la modélisation ? Le risque santé, le risque climatique et le risque d’exploitation font bien l’objet de savantes constructions actuarielles visant à gérer, à anticiper, à prévenir et à financer les conséquences découlant de la survenance d’aléas à des fins assurantielles (prévoyance, épargne, retraite, gestion actif-passif) ou financières. Régulièrement utilisée par les entreprises et leurs avocats afin d’évaluer le « risque pays » ou le risque souverain (avant un projet d’implantation dans une région jugée instable, par exemple), l’échelle de Likert consiste à évaluer la menace sur une échelle de probabilité (du plus probable au plus improbable) et les conséquences de cette menace sur une échelle de gravité (du plus significatif au moins significatif). Certains risques RH, comme l’absentéisme, les arrêts maladie et la sinistralité, sont déjà pris en compte dans les contrats de prévoyance souscrits par les entreprises, notamment pour calculer le seuil de déclenchement des franchises. Mais comment modéliser des données plus subjectives ? (…)

Associer risques nouveaux et modélisation semble contradictoire : on ne modélise a priori que ce que l’on connaît. De fait, l’intérêt porté aux projets de formalisation du risque social n’est guère parvenu à dépasser les cercles de la recherche. (…)

Muriel Jaouën

Pour aller plus loin :

Consultez le site de la revue

Consultez cet article en PDF : Muriel Jaouën, « Les multiples facettes du risque social », Liaisons sociales magazine N° 202, mai 2019

 

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