Le management du risque de corruption : 10 points clés

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[ Mise à jour : 23 novembre 2020 ]   Trop de dirigeants et de managers sous-estiment le risque de corruption. Metis Europe a publié un dossier consacré à la corruption, dans lequel je propose un article. J’en résume ici les points clés, à l’attention des managers opérationnels et des responsables RSE:

  1. La France ne peut plus se prévaloir d’une situation satisfaisante. Les rapports de plus en plus critiques sur les insuffisances de la lutte contre la corruption en France s’accumulent : dégradation de notre position dans le classement mondial (Transparency International), faiblesses pointées par l’OCDE et la Commission européenne, manque de maturité de certaines fonctions critiques (ex : les achats), etc.
  2. L’opinion publique est elle aussi de plus en plus sensible sur ce sujet.
  3. Le constat ne peut se limiter à la problématique de la corruption des agents publics. Il doit englober la situation des entreprises privées.
  4. La montée en puissance de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et plus particulièrement de la norme ISO 26 000, qui fait une place importante à la lutte contre la corruption, amène de nombreuses entreprises à se pencher sur cette problématique négligée… et à constater leur vulnérabilité.
  5. De plus, les législations – et surtout leur application – se durcissent.
  6. Beaucoup d’entreprises sont en risque car elles se rassurent à bon compte en se contentant de publier des chartes et des directives, tout en négligeant le travail de déploiement et d’accompagnement sur le terrain.
  7. Les politiques anti-corruption mises en œuvre par la majorité des entreprises sont trop focalisées sur la prévention tertiaire et secondaire. Elles négligent les mesures de prévention primaire.
  8. Les entreprises françaises sont en retard sur la mise en place de dispositifs de protection des lanceurs d’alerte, même si la législation évolue positivement.
  9. La faiblesse des contre-pouvoirs constitue également un handicap.
  10. Les coûts de la corruption (120 milliards d’euros par an à l’échelle de l’Europe) augmentent et constituent une incitation supplémentaire à agir.

Une prévention efficace de la corruption est celle qui emprunte les méthodes de la RSE : travailler sur la responsabilité des acteurs, conjointement avec les parties prenantes ; passer d’une politique de conformité à une approche de management des risques.

Cet article, qui approfondit chacun des 10 points listés ci-dessus, est à lire sur le site de Metis : « Lutte contre la corruption : la France exemplaire ? » 

Ce profond retard de la France par rapport aux autres pays développés se trouve heureusement à un point d’inflexion. Un rapport d’EcoVadis consacré aux enjeux de corruption dans les entreprises et portant sur les pratiques anti-corruption de près de 20.000 entreprises, à travers 138 pays permet de constater les évolutions des entreprises françaises sur la dernière période, sous l’effet des nouvelles réglementations. Depuis l’adoption de la loi, Sapin 2, le nombre d’entreprises françaises ayant mis en place des mesures anti-corruption a été multiplié par… 6 : 6% des entreprises en 2015, 13% en 2016, 30% en 2017 et 36% en 2018 !

Graphe : Proportion d’entreprises  ayant mis en place des mesures anti-corruption (%)

Source : EcoVadis, données pour 2018

Cependant, cette rapide amélioration apparaît comme une mise à niveau car la France reste encore en retrait par rapport aux entreprises européennes (38% ont mis en place des mesures) et surtout américaines (50%) et japonaises (62%). En Europe, parmi les grands pays, l’Espagne apparaît à la traîne (35% seulement de ses entreprises ont mis en place des mesures anti-corruption) mais les autres pays devancent largement la France, notamment l’Italie (39%), la Belgique (41%), l’Allemagne (43%), la Suède (55%) et surtout la Grande-Bretagne (63%).

A suivre…

Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises, membre du Comité de labellisation de Lucie, le label RSE de référence

Pour aller plus loin :

Suivez mon débat sur LCP (La Chaîne Parlementaire) avec Dominique Seux, Directeur délégué de la rédaction des ‘Echos’ : la lutte contre la corruption n’est pas un fleuve tranquille (la partie « Face à l’éco » commence à 30’45).

« The Fight Against Corruption: Insights Into Ethical Performance in Global Supply Chains« , Rapport d’ EcoVadis, Novembre 2018

Lisez la suite de cet article : « Extirper la discrimination liée aux origines hors de l’entreprise »

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